Entretien avec Ali Rguigue, producteur et cofondateur et DG de la société Artcoustic Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef Ali Rguig, producteur et directeur général des studios Artcoustic, est un fidèle du FICAM. Son studio spécialisé dans la réalisation de l'animation 100% marocaine, et qui a réalisé des productions telles «Filtrer », « Ghriba », «Jenb Hayt», «Hikayat wa 3ibar», «Abbas ibn Firnas, œuvre depuis quelques années à la promotion de ce secteur vital et générateur de revenus. Artcoustic studios a participé à la 2ème édition du Forum des métiers du film d'animation au Maroc qui a eu lieu les 3, 4 et 5 mars 2023 dans les locaux de l'institut français de Meknès, pour approfondir la réflexion sur les enjeux auxquels fait face le cinéma d'animation. Rencontre. Al Bayane : Parlez-nous de votre participation à cette deuxième édition du Forum des métiers du film d'animation au Maroc? Y aura-t-il de nouveaux projets en vue ? Pour nous, cette édition est spéciale parce qu'elle vient après l'accomplissement de l'année dernière où il y avait les marchés publics de la SNRT et de la 2M. Aujourd'hui, on est sorti avec le premier programme «Hikayat wa 3ibar», diffusé chaque dimanche, et qui a très bien marché à la télévision. Ce programme a permis de gouger l'audience des enfants, du grand public et des familles. À cela s'ajoute, le deuxième projet « l'histoire de Touria Chaoui » et « Abbas ibn Firnas» pour contribuer à la programmation de Ramadan. En comparaison avec le forum de l'année dernière, on a lancé « l'histoire du Maroc », un documentaire de 30 minutes qui retrace toute l'histoire du Maroc. C'est ce qu'on a apporté de différent par rapport à cette année ! Y a-t-il une différence entre le forum de cette année et celui de l'année précédente ? On a constaté qu'il y a un grand changement parce qu'il y a de nouveaux studios qui font de très bon travail, mais aussi l'école «Flow Motion School» qui a démarré sa première promotion. Ces compétences qui sont de retour ont pu apporter leurs connaissances dans le domaine. Chose qui prouve aussi la naissance d'une industrie dont on a parlé il y a quelques années, et qui est en train de se construire. Vos productions sont destinées uniquement aux enfants ou vous envisagez de vous ouvrir à un plus public plus large ? La seule manière de bouger notre production, c'est d'abord les petits publics, c'est-à-dire les petits enfants. Certes, le contenu est dédié à cette jeunesse, mais on essaye de viser également les familles pour voir si on est véritablement capable de traduire de l'animation au Maroc avec nos connaissances et nos histoires. Quels sont les rôles que peuvent jouer les pouvoirs publics dans la promotion du cinéma d'animation sachant que les deux chaînes nationales, à savoir la SNRT et la 2M qui commencent à investir davantage dans ce domaine en lançant des appels d'offres ? Je pense que l'exercice est en train d'être fait dans le bon sens parce que le premier challenge qu'on avait ; était que tout le monde puisse sortir ses dessins animés sur le grand écran et de réaliser un produit purement marocain. Aujourd'hui, grâce à cet exploit, les pouvoirs publics vont croire en cette industrie, et de ce qu'elle apporte en termes de culture, de consolidation du patrimoine marocain afin de contribuer à la structuration, soit par le CCM ou d'autres institutions qui peuvent être rattachées à l'industrie de l'animation au Maroc. De nos jours, les plateformes digitales jouent un rôle majeur et capital dans le monde entier, notamment dans la diffusion et la promotion de l'animation. Qu'en est-il au Maroc de ce grand chantier ? Pour ce qui est des plateformes de streaming, on a constaté que la plupart, ce sont des grossistes parce qu'ils ne peuvent pas acheter un petit programme sans avoir la certitude en rapport avec le public. Si elles commencent à consommer du marocain, il va falloir produire plusieurs séries. En effet, les plateformes permettent certes d'avoir une audience et une reconnaissance mondiale, mais ce sont des productions qui sont assez lourdes, assez carrées et assez exigeantes. Moi, j'espère monter une plateforme de streaming pour mettre tout le marocain dedans qui permettra de consolider notre production et avoir quelque chose qui est dédiée aux enfants qui respectent les codes marocains. Je préfère avoir une petite plateforme de streaming marocaine qui sera très riche en termes de contenu et patrimoine marocain que d'aller vers d'autres plateformes où on va les distribuer. Faisons du local, alors !