«L'errance d'Aïssa Ikken » édité par Bank Al-Maghrib Mohamed Nait Youssef Au musée de Bank Al-Maghrib à Rabat, un beau-livre «L'errance d'Aïssa Ikken», sur l'œuvre, le parcours et la vie de l'artiste pluridisciplinaire Aïssa Ikken a été présenté, mardi 16 mai, en présence des artistes, des intellectuels et des journalistes. En effet, ce livre est un témoignage profond sur une des palettes importantes ayant marqué la scène artistique nationale. Prolifique et singulier, Aïssa Ikken décédé le jeudi 18 février 2016 à Rabat, est à la fois peintre, graphiste, sculpteur, designer de bijoux, poète, écrivain. «Nous voulons à Bank Al-Maghreb de rendre hommage aux artistes qui ont ancré l'histoire de l'art au Maroc ; des gens qui ont œuvré en silence pour réaliser cette histoire.», a souligné Rochdi Bernoussi, directeur du Musée à Bank Al-Maghrib. Et d'ajouter : «il y a une génération de peintres au Maroc qui mérite d'être mise en valeur parce qu'ils ont légué un patrimoine de qualité, ils ont légué une façon de voir l'art qui est particulier.» Feu Aïssa Ikken, a-t-il rappelé, avait une vision qui est sienne, il avait sa façon de retracer cette vision là, de la faire sortir. C'est un témoignage d'une phase importante de notre histoire artistique, a-t-il indiqué. Par ailleurs, le beau-livre retrace le parcours assez long que diversifié de l'artiste en cinq chapitres. Le premier chapitre est consacré à la période de la formation. Le deuxième et le troisième chapitre sont réservés à sa carrière de fonctionnaire au ministère de la Jeunesse et des Sports et au ministère de la Culture. Par ailleurs, le quatrième chapitre braque les lumières sur la vie de l'artiste polyglotte ; à son œuvre partagée entre la peinture, l'écriture, le sculpteur. Le cinquième chapitre est dédié à l'artiste citoyen et ses engagements. «C'est pour donner aux historiens quelques témoignages que j'ai entrepris d'écrire sur Aïssa Ikken. À l'avenir, les regards changeront. On disposera de ce témoignage pour comprendre ce que fut un des acteurs d'une révolution iconologique qui impliqua de très nombreux autres acteurs au milieu du XXe siècle. Même si ces informations peuvent être partielles, je les présente avec émotion et sincérité, réalisant ma part de devoir envers l'art, la culture et le rapprochement des cultures. Ce livre, est d'abord dédié à Aïssa Ikken. Je sais combien il savait que je perpétuerai sa mémoire. Je le fais au mieux que je peux, lui rendant cet hommage, à lui, un être merveilleux au quotidien.», a souligné Soukaïna Régragui, autrice du beau livre et épouse de l'artiste. Edité par Bank Al-Maghrib, l'autrice rend d'abord un vibrant hommage à cette figure de proue de la scène artistique marocaine dans ce livre où elle dévoile aux lecteurs et passionnés de l'art des aspects du parcours artistique et littéraire exceptionnels de l'artiste peintre, dessinateur, sculpteur, créateur de bijoux, poète, romancier, essayiste. Pour Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, l'artiste a cherché à créer ses propres signes, des formes énigmatiques pour communiquer ses émotions. Signes enrobés d'une belle ambiguïté, signes qui caractérisent une imaginalité frappante, d'une alchimie qui permet de parler tout à la fois de ludisme, d'archaïsme, de fantastique, et bien d'autres dénominatifs points illusoires. Incarnés sur tous les supports qu'a animés la main de l'artiste, ces signes, nés du terroir mais aussi empreints d'autres cultures, à la fois transculturels et universels, n'ont de cesse de surgir et de nous surprendre. «Les spécificités de l'art d'Aïssa Ikken, sa technique qui varie d'une démarche à l'autre mais sans que l'expression initiale ne change, ses réflexions dialogiques sur l'esprit et la matière des matériaux qu'il employait, son traitement d'égale manière des divers supports, y compris les bijoux ou la tapisserie, l'écriture d'un certain nombre de recueils de poèmes et de romans, prouvent inéluctablement d'un esprit universel.», peut-on lire dans la préface de Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib. Par le biais de ce récit poignant, Soukaïna Régragui œuvre pour « donner aux historiens quelques témoignages qu'elle a entrepris d'écrire sur l'artiste. » Né en 1937, Aïssa Ikken a rendu l'âme le jeudi 18 février 2016 à Rabat.