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« La combinaison de l'inflation, la sécheresse prolongée et les hausses des taux d'intérêt a entraîné la faillite de plus de 40 000 en TPE-PME en 2024 »
Publié dans Albayane le 13 - 01 - 2025

Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine de TPE-PME
Propos receuilllis par Kaoutar Khennach
Les TPE-PME marocaines, qui constituent la majorité du tissu économique et emploient un nombre considérable de travailleurs, se trouvent actuellement confrontées à des défis majeurs. Entre les impacts de la crise économique mondiale, les difficultés d'accès au financement et la concurrence accrue, ces entreprises peinent à se stabiliser. Toutefois, elles ont aussi des opportunités à exploiter, notamment avec la transformation numérique. Dans cette interview, Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine de TPE-PME nous fait part de son analyse sur l'état actuel des TPE-PME au Maroc. Il met en lumière les défis auxquels elles sont confrontées, tout en soulignant les opportunités qui peuvent être exploitées pour leur développement. Il propose également des mesures concrètes, tant du côté des pouvoirs publics que des entreprises elles-mêmes, afin d'assurer leur résilience à court et à long terme et d'encourager un environnement économique plus favorable à leur croissance.
Al Bayane : Comment évaluez-vous la situation économique actuelle des TPE-PME au Maroc ?
Abdellah El Fergui : Les TPE-PME marocaines font face à de nombreux défis dans un contexte marqué par l'inflation, la sécheresse et les répercussions de la Covid-19. Elles souffrent principalement du manque d'accès au financement, aux commandes publiques (en raison de l'absence de décrets d'application de la loi réservant 20 % de ces commandes aux TPE-PME), ainsi qu'au foncier. Par ailleurs, les retards de paiement de grandes entreprises aggravent leur situation. Depuis 2013, ces entreprises perdent ainsi plus de 60 milliards de dirhams d'investissement chaque année.
La concurrence est par ailleurs très intense, tant des grandes entreprises que du secteur informel. Les TPE-PME doivent rivaliser avec des acteurs disposant de ressources supérieures, tout en affrontant un secteur informel qui, n'ayant pas de charges fiscales ou sociales importantes, les place dans une position avantageuse. Ce secteur emploie également plus de 77,3 % des salariés au Maroc selon la banque mondiale dans des conditions précaires, ce qui constitue une concurrence déloyale pour les TPE-PME.
Malgré ces obstacles, des opportunités émergent, notamment grâce à la digitalisation et à l'intérêt croissant pour les produits locaux et le label « Made in Morocco ». Ces niches offrent aux TPE-PME des perspectives de développement à condition de bénéficier d'un soutien adapté.
Bien que les TPE-PME soient confrontées à des défis importants, elles disposent de quelques opportunités pour croître et se développer. Un soutien continu du gouvernement en matière d'accès au financement, aux commandes publiques, au foncier, ainsi qu'une fiscalité adaptée, la réduction des délais de paiement et l'allègement des réglementations, sera essentiel pour l'avenir de ces entreprises qui représentent plus de 98,4 % du total des entreprises au Maroc et emploient plus de 75 % de l'ensemble des postes de travail.
Quels sont les principaux défis auxquels les TPE-PME marocaines font face aujourd'hui ?
Le principal défi auquel les TPE-PME marocaines font face aujourd'hui concerne la trésorerie. Sans accès aux financements ni aux commandes publiques, et avec cette crise très grave causée par l'inflation, la sécheresse et les effets prolongés de la Covid-19, ces entreprises sont en grande difficulté en raison des créances impayées de la Direction générale des impôts (DGI) et de la CNSS, ainsi que des pénalités et retards de ces créances qui peuvent atteindre trois à quatre fois les montants dus. Ces pratiques, parfois abusives, conduisent à des faillites et à l'emprisonnement des chefs d'entreprise. Pour remédier à ces problèmes, un dialogue constructif entre l'administration et les TPE-PME est essentiel pour trouver des solutions concrètes et préserver ces entreprises ainsi que les centaines de milliers d'emplois qu'elles représentent.
En quoi la conjoncture internationale (inflation, hausse des taux d'intérêt, etc.) a-t-elle affecté les TPE-PME marocaines ?
L'inflation, la sécheresse qui dure depuis sept années consécutives, ainsi que les effets de la Covid-19, l'augmentation du taux directeur et celle du prix du gasoil ont conduit des dizaines de milliers d'entreprises à la faillite. En 2023, plus de 33 000 TPE-PME, tant personnes morales que physiques, ont fait faillite, et en 2024, ce chiffre a dépassé les 40 000. Plus de 99 % de ces faillites concernent des TPE. Les statistiques publiées ne tiennent pas compte des faillites des entreprises individuelles, qui représentent plus de 66 % du total des entreprises au Maroc. Ces chiffres sont alarmants et nécessitent une intervention urgente.
L'accès au financement reste un problème majeur pour les TPE-PME. Quels sont, selon vous, les principaux obstacles ?
Parmi les principaux problèmes auxquels les TPE-PME sont confrontées avant et après leur création, se trouve le manque d'accès au financement. Les garanties bancaires exigées pour obtenir des prêts sont considérables. Bien que la garantie de TAMWILCOM soit disponible, elle reste insuffisante aux yeux des établissements bancaires classiques. Pour remédier à cette situation, comme l'ont fait plusieurs pays, il serait pertinent de créer une banque d'Etat dédiée au financement de ces petites entreprises. L'Etat est le seul capable de valoriser le rôle économique et social des TPE-PME, qui sont les premiers employeurs au Maroc.
Les mécanismes comme "Intelaka" ou d'autres initiatives publiques ont-ils eu l'impact escompté ?
Bien que les mécanismes tels que « Intelaka » et « Forsa » aient suscité de grandes attentes, leur impact réel n'a pas été à la hauteur. Des difficultés bancaires, administratives et d'accompagnement ont souvent freiné leur mise en œuvre. Certains bénéficiaires ont vu le déblocage de leurs financements retardé de plusieurs années. Nous avons exprimé ces préoccupations aux juges de la Cour des Comptes, mais les résultats de leurs enquêtes tardent à être publiés.
Les TPE-PME marocaines sont-elles suffisamment outillées pour réussir leur transformation numérique ? Quels freins empêchent les TPE-PME d'investir dans les technologies digitales ?
La question de savoir si les TPE-PME marocaines disposent des ressources nécessaires pour réussir leur transformation numérique demeure complexe et nécessite une évaluation approfondie. Bien que le Maroc ait lancé la stratégie « Digital Morocco 2030 » pour promouvoir la transition numérique, de nombreuses TPE-PME se heurtent à des limitations significatives, notamment un manque de ressources financières et humaines pour investir dans les nouvelles technologies.
Le déficit en compétences numériques au sein de ces entreprises constitue un obstacle majeur à l'adoption des outils numériques. Par ailleurs, malgré des progrès notables en matière d'infrastructures télécoms et d'accès à Internet, certaines zones rurales continuent de souffrir d'un manque de connectivité adéquate. Même dans les zones urbaines, la qualité des connexions Internet reste perfectible, ce qui limite le potentiel de transformation digitale.
Bien que des initiatives et un écosystème numérique en émergence tentent d'accompagner les entreprises, les défis structurels auxquels font face les TPE-PME risquent de ralentir leur transition numérique. Un appui renforcé des pouvoirs publics, qu'il s'agisse de financements dédiés ou de programmes de formation ciblés, est indispensable pour leur permettre de tirer pleinement parti des opportunités offertes par la stratégie « Digital Morocco 2030 ».
Par ailleurs, les principaux freins incluent le manque de ressources financières, les compétences numériques limitées, l'accès inégal à Internet, ainsi que l'absence d'accompagnement pour naviguer dans le paysage numérique.
La fiscalité actuelle est-elle adaptée aux besoins des TPE-PME ?
La fiscalité actuelle n'est pas toujours adaptée aux besoins des TPE-PME. Les entreprises font face à des démarches complexes, des taux d'imposition élevés et une absence de dispositifs incitatifs pour l'innovation ou la transformation numérique.
Les récentes réglementations, notamment les réformes fiscales et les changements de la TVA, ont un impact notable sur les TPE-PME. Ces mesures peuvent entraîner une augmentation de la charge fiscale tout en offrant des opportunités d'incitation. Pour naviguer efficacement dans ce contexte en évolution, il est crucial que les TPE-PME bénéficient d'un accompagnement approprié et de dispositifs de soutien afin de minimiser les effets négatifs et maximiser les opportunités.
La multiplication des réglementations fiscales complique et allonge les démarches administratives, ce qui peut décourager certaines entreprises d'investir ou de croître. De plus, les retards dans le remboursement de la TVA peuvent engendrer des tensions de trésorerie, compliquant ainsi le fonctionnement quotidien des entreprises.
Enfin, des réglementations mieux conçues peuvent réduire les disparités fiscales entre les grandes entreprises et les TPE-PME, renforçant ainsi la compétitivité de ces dernières sur le marché.
Quelles mesures concrètes recommandez-vous pour soutenir les TPE-PME face à la conjoncture actuelle et favoriser leur développement à moyen et long terme ?
Pour soutenir les TPE-PME marocaines face aux défis actuels, il est crucial de mettre en place des mesures concrètes. Cela inclut des facilités de crédit avec des fonds de garantie renforcés, des subventions pour l'innovation et des exonérations fiscales, notamment pour les investissements dans l'économie verte et le numérique. L'application stricte de la loi réservant 20 % des commandes publiques aux TPE-PME, la promotion des coopérations avec les grandes entreprises et la création de GIE permettraient également de renforcer leur accès aux marchés. Enfin, des programmes de formation et d'accompagnement adaptés sont essentiels pour développer les compétences en gestion et numérique, garantissant ainsi leur résilience et leur croissance durable.


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