Le Royaume se hisse à la première place parmi les pays d'Afrique du Nord dans le dernier Rapport mondial sur la citoyenneté. Une performance qui souligne autant les progrès réalisés que les défis encore à relever. Dans le tumulte d'un monde qui interroge plus que jamais le sens de l'appartenance, le Global Citizenship Report 2025 publié par le cabinet CS Global Partners offre un prisme rare : il mesure la qualité de la citoyenneté proposée par les Etats à leurs citoyens et résidents, à partir de critères concrets (sécurité, liberté, mobilité, développement économique et qualité de vie). Dans ce classement qui couvre 165 pays, le Maroc se classe 100e, mais se distingue en se hissant au 1er rang en Afrique du Nord, devant la Tunisie, l'Algérie, l'Egypte et la Libye. Une performance notable, qui confirme certaines dynamiques de transformation enclenchées ces dernières années, mais qui appelle aussi à une lecture nuancée. Ce rapport ne se contente pas d'indicateurs symboliques ou subjectifs. Il évalue la « valeur globale » de la citoyenneté sur la base de cinq piliers : sécurité et stabilité, qualité de vie, opportunités économiques, liberté financière, mobilité mondiale. LIRE AUSSI : Le Maroc et l'ASEAN : Un partenariat multidimensionnel tourné vers l'avenir Sur ces axes, le Maroc affiche des résultats contrastés. S'il tire son épingle du jeu grâce à son attractivité économique (59e mondial), portée par des secteurs en croissance comme l'automobile, les énergies renouvelables ou encore les services numériques, il reste pénalisé par la faible portée internationale de son passeport (90e en mobilité), qui limite la liberté de déplacement de ses citoyens. Une position stratégique dans la région Être classé premier en Afrique du Nord n'est pas un détail. Cela consacre le Maroc comme un îlot de stabilité et de progrès économique dans une région marquée par les tensions politiques, les incertitudes institutionnelles et les défis sécuritaires. Ce classement vient donc valider des orientations prises sur le long terme : diversification de l'économie, ouverture maîtrisée, et réformes graduelles, en particulier dans les infrastructures, l'énergie et l'éducation. Mais il reflète aussi un paradoxe : alors que le pays progresse objectivement dans ses fondamentaux, la perception de la citoyenneté reste inégalement vécue selon les couches sociales, les régions et les générations. Le défi est désormais de traduire les statistiques globales en réalités quotidiennes pour tous. Ce classement n'a rien d'un satisfecit définitif. Il constitue plutôt un miroir critique, et parfois exigeant. Il rappelle que la citoyenneté ne se réduit pas à un passeport, mais qu'elle est aussi faite de confiance institutionnelle, de liberté économique, de sécurité personnelle et de perspectives sociales. Le Maroc s'affirme donc comme une citoyenneté en construction, porteuse d'ambition, encore imparfaite, mais engagée sur une trajectoire qui séduit au-delà de ses frontières. Pour consolider cette position, il lui faudra renforcer sa gouvernance, investir dans le capital humain, améliorer l'accessibilité des services publics, et surtout, écouter les aspirations de sa jeunesse. Le classement de 2025 est un signal : celui d'un pays qui inspire plus qu'il ne divise, qui avance plus qu'il ne stagne, et qui, malgré ses contradictions, continue à bâtir les conditions d'une citoyenneté crédible et durable.