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Quand le poète achève le tortionnaire
Publié dans Albayane le 26 - 01 - 2025


Par Pr. Jamal eddine NAJI
Ceux pami les étudiants militants de l'UNEM des années 70, qui n'ont pas connu les affres de la torture et de la prison, n'ont pas la légitimité d'en être les témoins à charge. Mais ils peuvent très bien en avoir gardé des stigmates assez profondes pour expliquer leurs parcours de vie depuis. Parcours rejoignant, in fine, celui, douloureux et inhumain, vécu par les ex-prisonniers politiques et les ex-torturés et/ou disparus.
Mohammed Serifi Vilar en est le témoin à charge le plus franc et le plus déterminé à ne faire aucune concession de langage ou de souvenirs dans son récit réquisitoire sous un ciel qu'il a choisi et nommé : « Ciel carré ». Car, dès la 14ème des 330 pages de cette mémoire d'outre la tombe carcérale, il nous prévient : « Il a fallu que la vie reprenne le dessus, que la rage de vivre s'impose, il a fallu être parmi les vivants, « se dire« avant de « dire« »... Soufis et poètes se disent avant de dire... L'auteur en est un de chez nous, de cette génération des « seventies » plombée dans la fleur de l'âge. Arrêté en novembre 1974, Mohammed fût condamné en 1977 à 30 ans de prison, après deux années de torture.
Adepte rigoureux et joyeux des antiphrases et des intertextes, ses phrases courtes et incisives, où l'ironie confirme la justesse du propos et ajuste l'idée exprimée, vous rend sa lecture haletante d'émotion. L'encyclopédiste Voltaire s'y reconnaitrait d'autant plus que ce récit du rouge (Rojo) tangérois, fils d'un modeste pêcheur et d'une réfugiée républicaine espagnole, est manifestement guidé par la devise de l'auteur de Candide : « Ecrasez l'infâme ! ». Devise qui renferme chez Serifi (portant le numéro 40 aux différents bagnes qui l'ont « emmuré » pendant 17 ans) immensément de la colère mais aussi un audacieux amour de la vie, de l'humanité et de la compagne de vie, embastillée elle aussi pendant cinq ans.
Le bonheur, la justice, l'ordre du monde, la politique, la raison, la liberté de l'Homme, la tolérance religieuse forment le courant des philosophes des lumières contre l'obscurantisme et les persécutions. Ces deux fléaux qui ne sont pas arrivés à faire plier le jeune « Rojo » kidnappé à 22 ans.
« Le ciel carré » (à lire absolument, jeunes et vieux -es- Marocains et Marocaines) est une ode à la vie, pétrie d'amour, d'humanité et de la résistance d'un soldat intrépide de la liberté... Un élixir de bonheur inaccessible à la sauvagerie animale du tortionnaire aux pulsions de primate.
Au son des coups sur les plantes de ses pieds, le poète tentait d'imaginer une rime à ce son, détaché de son corps, explorant l'horrible douleur pour la transformer en vers, en poème, pour « se dire » à soi-même... Nul tortionnaire ne peut comprendre ou imaginer cette source de résistance, de défi au crime et à la bestialité. La bestialité du tortionnaire, comme du geôlier, que le poète achève, lui, par la vie, par l'amour de la vie, par l'amour, cette richesse humaine inatteignable pour les nervis déshumanisés par leur maître dictateur.
Un combat épique d'une génération, d'un homme, mené, 17 ans durant, avec rectitude entêtée, avec amour pour la vie et pour ses printemps d'où est dérivé le prénom de la bien aimée, compagne de vie et de lutte... Tous deux enlacés à jamais pour célébrer le ciel de ce pays qui revient de loin... de très loin, que vous ne pouvez imaginer qu'en scrutant ce « ciel carré » que Mohammed Serifi Vilar s'emploie à en chasser toute obscurité ou chimère révisionniste.


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