Le compte à rebours pour le professionnalisme du football marocain a commencé. A cinq mois de l'ouverture de la prochaine saison du championnat national, le Bureau fédéral de la FRMF est en plein mouvement pour mettre sur pied le cadre général des bases élémentaires du passage à la nouvelle ère du football national. Dans ce sens, plusieurs commissions spécialisées affiliées à la fédération ont été constituées pour aborder l'inspection des clubs de première et deuxième divisions d'élite censés intégrer le professionnalisme. Ces commissions vont dresser des rapports sur l'état d'avancement des conditions que doivent avoir les clubs concernés et leur accorder l'octroi des licences du professionnalisme s'ils répondent au cahier des charges. Selon la FRMF, le passage au professionnalisme aura lieu conformément au règlement de la FIFA. Tout donc va bien pour le Bureau fédéral qui a fait le choix des commissions concernées avec en premier lieu l'organe de première instance et les autres instances du contrôle permanent de la gestion des clubs, du contrôle des centres de formation des différents clubs, des infrastructures et des stades, d'appel, de la communication… Une bonne chose pour le football marocain qui aspire toujours aux lendemains meilleurs et qui le mérite amplement d'ailleurs. Mais la question qui se pose avec acuité est de savoir si les clubs marocains avec toutes leurs composantes seront-ils à jour, la saison prochaine… ? Et puis de quel professionnalisme parle-t-on ? Est-ce celui plus avancé de l'Europe, de l'Amérique latine, des pays du Golfe ou bien de chez les plus proches de nous au Nord d'Afrique, comme l'Egypte ou la Tunisie par exemple… ? On pense tout simplement que ni l'un, ni l'autre ne peut intéresser, pour l'instant, le football marocain qui reste loin de pratiquer un tel professionnalisme. Car on n'a ni les moyens, ni le niveau, ni l'expérience, ni la mentalité… ni encore moins les véritables lois organisationnelles du professionnalisme que celles de l'Europe ou dans certains pays latino-américain. On n'a pas également les moyens infrastructurels et financiers des pays du Golfe. On ne ressemble même pas à nos voisins tunisiens forts de leurs grands clubs comme l'Espérance de Tunis qui a des milliers d'adhérents ou égyptiens comme Al Ahly du Caire qui a également plusieurs milliers d'adhérents et dont le budget annuel équivaut à celui réservé à tous les clubs marocains de première division. No comment ! Chez nous, on donne comme exemple, les deux grands clubs marocains comme le Raja et le Wydad, qui ont tous les deux 400 adhérents seulement et tournent chacun avec un budget annuel de quatre à cinq millions de dirhams, dans le meilleur des cas. La FRMF compte soutenir les clubs et rehausser leur niveau financier pour qu'ils puissent atteindre la somme de 12 millions de dirhams pour la prochaine période du professionnalisme. Une somme de trois millions de dirhams sera réservée à chaque club qui doit avoir, au préalable, le reste pour répondre au cahier de charges. En plus du soutien financier, la FRMF s'occupera des frais d'arbitrage de tous les matches, des frais du transport, de la couverture médicale de tous les joueurs jusqu'à l'âge de 60 ans… Voilà quelques conditions exigées par la FRMF qui a commencé par l'instauration de certaines lois régissant la pratique du football au Maroc, comme la loi des joueurs, aujourd'hui plus gâtés qu'auparavant, la loi de combattre la violence dans les stades, la loi de l'éducation physique et du sport avec le concours du ministère de tutelle, avec lequel, un contrat-programme a été signé dans le cadre du développement du football national en prévision du professionnalisme. Mais il s'agit tout simplement du professionnalisme à la marocaine, un professionnalisme opté par les nouveaux responsables de la FRMF qui n'ont à peine que deux ans d'expérience à la tête de la gouvernance du football national. Le passage au professionnalisme après une longue période d'amateurisme exige tout d'abord une programmation et une planification à court, moyen et long termes. Entre-temps, il faut passer par une période transitoire, qui permet de tester les aspects et les conditions d'une énorme expérience comme le professionnalisme. En fait, qu'est ce qui a été réalisé jusqu'à l'instant concernant les terrains notamment… ? Certes, d'ici la fin 2011, le Maroc aura son sixième grand complexe à Agadir, après ceux inaugurés en début de cette année, à Marrakech et Tanger et les anciens à Fès, Rabat et Casablanca. Des complexes, propriétés de l'Etat ou du Conseil de la Ville, et qui ne peuvent, d'ailleurs, régler le problème que de huit à neuf clubs dans l'ensemble, au moment où le championnat national dans les deux divisions 1 et 2, compte 32 équipes. Rares sont les clubs marocains qui disposent de leurs propres terrains comme celui de l'OCK mais qui n'est pourtant pas homologué et qui n'est plus apte à abriter un match de football. Les autres, tous les autres, jouent dans des terrains impraticables comme le DHJ, l'OCS… ou le KAC, le MAT, la JSM…. évoluant dans des stades avec un gazon synthétique qui ne porte même pas son nom. Cela sans parler des clubs démunis de seconde division qui vivent dans des situations des plus délicates… Et puis d'autres anomalies portant atteinte à l'image de marque du football national sont également à relever, il s'agit de la légalité des clubs marocains qui ne tiennent pas leurs assemblées générales dans les normes… et d'autres ne les tiennent même pas comme l'ASFAR et la JSM. Qu'en est-il de la loi des entraîneurs des clubs, nationaux ou étrangers, dont certains n'ont pas de diplômes. D'autres se promènent et changent de clubs comme ils changent de chemises. D'autres ne dévoilent pas leurs salaires... Pire, d'autres coaches parlent des matches truqués par certains clubs de première division qui ont désigné le titre de champion de la saison écoulée. D'autres spécialistes de la montée des équipes de deuxième en première division, parlent de l'utilisation de l'argent et la corruption avec les arbitres… Que pense-t-on tous de ces dérapages qui sont encore nombreux au sein d'un championnat qui se prépare à intégrer le professionnalisme et sous les yeux d'un bureau fédéral qui ne veut pas sortir de son mutisme… ? Souhaitons qu'on ait tort… Souhaitons aussi que la raison soit du côté de notre fédération… et bienvenue au professionnalisme.