Alors que le Maroc s'engage résolument dans la mise à niveau de son secteur touristique, un nouveau cap réglementaire vient d'être franchi avec la publication récente d'un décret fixant les normes de construction des établissements d'hébergement. Désormais, hôtels, riads, maisons d'hôtes, auberges, campings et autres structures touristiques devront se conformer à un référentiel strict, pensé pour améliorer la qualité, garantir la sécurité et intégrer pleinement les principes de durabilité. Du nouveau en matière de structuration du secteur touristique national. Avec la publication au Bulletin officiel du décret n° 2-22-867 approuvant le règlement général de construction applicable aux établissements d'hébergement touristique, le Royaume introduit un dispositif normatif complet, à la hauteur de ses objectifs en matière de qualité, de sécurité et de durabilité. Cette réforme s'inscrit dans le cadre de la mise à niveau de l'offre nationale d'hébergement, en cohérence avec la feuille de route touristique 2023-2026. Le décret en question pose donc non seulement les bases d'un écosystème plus structurant pour le tourisme national, mais il aligne le Maroc sur les standards internationaux, tout en reconnaissant la diversité de son offre et la richesse de ses territoires. Une première dans l'histoire du secteur Le texte, long de plusieurs dizaines d'articles, fixe les normes dimensionnelles et fonctionnelles minimales que doivent respecter les hôtels, maisons d'hôtes, riads, auberges, campings, refuges et autres formes d'hébergement. Il définit également les conditions d'attribution des catégories (de 1 à 5 étoiles), les obligations en matière d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, de sécurité incendie, d'hygiène et de confort thermique et acoustique. Par ailleurs, le règlement s'applique à toute construction, transformation, extension ou conversion d'un bâtiment existant en établissement d'hébergement touristique. Il ne s'applique pas rétroactivement aux établissements déjà autorisés ou en exploitation avant sa publication, sauf en cas de modification structurelle. Ce décret ne concerne pas non plus les hébergements informels (ex : locations touristiques de courte durée entre particuliers). La grande nouveauté de ce règlement réside dans l'introduction d'un système de points bonus. Les établissements peuvent obtenir des points supplémentaires s'ils dépassent les normes minimales, notamment par l'intégration d'équipements durables, de services à haute valeur ajoutée, ou encore d'une architecture respectueuse du patrimoine local. Cette approche incitative vise à favoriser l'innovation, la responsabilité environnementale et l'amélioration continue de la qualité de service. Chaque typologie d'établissement est détaillée dans le décret. Les hôtels, par exemple, doivent respecter des superficies minimales pour les chambres, proposer un ensemble d'espaces communs (accueil, restauration, salons, etc.), et intégrer des dispositifs de sécurité normalisés. Les maisons d'hôtes sont appelées à conjuguer confort et dimension patrimoniale, en valorisant l'ancrage local. Les gîtes et auberges doivent répondre à des critères de fonctionnalité et d'accueil de groupes. Quant aux terrains de camping, ils sont soumis à des exigences en termes d'équipements collectifs, d'accès et de gestion des déchets. Les classifications s'étendent de la catégorie 1 étoile à la catégorie Luxe, avec des spécifications adaptées pour chaque type d'établissement, ce qui favorise la diversité et la clarté de l'offre touristique. Une gouvernance renforcée par un comité national dédié Le décret institue également le Comité national des normes de construction spécifiques aux établissements d'hébergement touristique. Cette instance pluridisciplinaire est chargée de la révision périodique des normes, de la proposition d'adaptations techniques et de la concertation avec les professionnels du secteur, les collectivités locales et les ministères concernés. Elle jouera un rôle stratégique dans la veille, l'actualisation des standards et le traitement des demandes spécifiques liées aux projets innovants ou aux contraintes locales. Cette approche permettra une adaptation plus fine aux réalités territoriales et une gouvernance concertée du cadre normatif. Ce comité est composé de représentants de plusieurs ministères (Intérieur, Urbanisme, Equipement, Energie, Environnement, Santé, Culture) ainsi que de l'ONSSA. Il est présidé par l'autorité gouvernementale en charge du tourisme, et peut faire appel à des experts externes à titre consultatif. Plusieurs enjeux... L'enjeu économique de cette réforme est majeur. Le tourisme représente près de 7% du PIB national et constitue une source essentielle d'emplois directs et indirects. En instaurant un cadre normatif clair et adapté aux réalités du terrain, le Maroc entend attirer davantage d'investisseurs, rassurer les opérateurs internationaux, et renforcer sa compétitivité régionale. La transparence des critères de classement permet aussi d'éviter les abus et de créer une saine émulation entre professionnels. Toutefois, des défis persistent. La capacité des petites structures à se conformer aux nouvelles normes dépendra de l'accompagnement technique et financier qui leur sera proposé. Le Comité national devra jouer un rôle actif dans l'appui aux promoteurs, la veille technique et la révision périodique des standards. De même, les collectivités territoriales devront être associées à la mise en œuvre effective de ce cadre réglementaire, notamment en matière de délivrance d'autorisations, de suivi et de formation. Typologie des établissements d'hébergement concernés Le nouveau règlement général de construction distingue plusieurs catégories d'établissements touristiques, chacun soumis à des normes spécifiques : Hôtels : Etablissements classés de 1 à 5 étoiles, avec exigences précises en termes de surface, d'équipements, d'accesibilité, de sécurité et de services. Maisons d'hôtes et riads : Structures à caractère patrimonial intégrant des critères d'accueil personnalisé, de valorisation locale et de confort authentique. Auberges et gîtes : Destinés à l'accueil de groupes ou de visiteurs en zones rurales, avec une attention particulière portée à la fonctionnalité, la convivialité et l'intégration au paysage. Terrains de camping : Espaces ouverts équipés pour l'hébergement sous tente, caravane ou bungalow, avec obligations en matière d'hygiène, d'accès, de gestion des déchets et de sécurité. Refuges, bivouacs et hébergements atypiques : Hébergements saisonniers ou itinérants (cabanes, lodges, etc.) répondant à des critères allégés mais encadrés, souvent en lien avec l'écotourisme.