La colère des professionnels de la santé publique monte d'un cran. Pour eux, l'offre de la commission gouvernementale chargée du traitement du dossier revendicatif des syndicats, « ne répond nullement aux attentes et aspirations des travailleurs de la santé », lit-on dans un communiqué publié par les cinq organisations syndicales les plus représentatives du secteur. En d'autres termes, les syndicats jugent insuffisante l'enveloppe mobilisée par le gouvernement, estimée à 310 millions de DH. Haj Ouardi, secrétaire général de la fédération nationale de la Santé, affiliée à l'UMT estime que la réforme du secteur de la santé a besoin «d'une approche globale tenant compte des spécificités du métier et non d'une vision segmentaire». Même son de cloche chez Mustapha Chennaoui, secrétaire général du syndicat national de la santé, relevant de la CDT, appelant le gouvernement à se départir des approches comptables et statistiques. «Nous exigeons un traitement à l'instar des pays développés, comme c'est le cas en France, où il existe trois types de fonctionnaires dans la fonction publique : Etat, territoire et santé. Ce dernier a un statut particulier», souligne Chennaoui. «Alors qu'au Maroc ce n'est pas le cas. Et même l'équité est aux abonnés absents», note notre interlocuteur. En d'autres termes, un médecin qui a fait 8 ans d'études est aligné lors de son recrutement sur le nombre indiciaire 336, contrairement à un professeur assistant au sein d'une faculté de Droit, par exemple, qui s'offre le nombre indiciaire 509. Ainsi, «de telles mesures impactent largement l'évolution et les perspectives de carrières du corps de la santé » précise-t-il. Quant à l'amélioration du régime indemnitaire, les syndicats soulignent qu'en dépit d'une augmentation des primes de 50%, elle demeure toutefois dérisoire. Ainsi, les syndicats exigent que le salaire horaire réel soit la référence de tout calcul des primes de garde et de l'astreinte. Bref, dans les meilleurs des cas et dans une organisation de travail basée sur le roulement horaire 12/36, la prime mensuelle d'un médecin dépasse à peine les 300DH. Le dossier revendicatif des syndicats porte également sur l'équivalence du diplôme d'infirmier. « Il est inconcevable que le diplôme d'un infirmer qui a fait un cursus d'étude de 3 ans, ne soit pas mis sur le même pied d'égalité qu'un lauréat qui détient une licence », note Chennaoui. Pour lui, la non-application d'une telle mesure ne permet point au corps des infirmiers d'accéder à l'échelle 10. Rappelons que la commission gouvernementale chargée du dossier de la santé est sous la tutelle du Premier ministre. Ses membres sont constitués des départements des finances, de la modernisation du secteur public et de la santé. Contacté par nos soins pour avoir le point de vue du ministère, le chargé de communication au cabinet de ce département n'a pas donné suite à notre demande, laissant ainsi la porte ouverte à toutes les interprétations. Mais au rythme où vont les choses, le bras de fer entre le ministère de tutelle et les centrales syndicales risque de se corser sachant le degré de l'impact que cela pourrait avoir sur la santé des citoyens.