Moscou s'apprête, ce jeudi, à accueillir des entretiens officiels de haut niveau entre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue marocain, Nasser Bourita. Cette rencontre diplomatique marque un regain de chaleur dans les relations bilatérales et traduit la volonté commune des deux capitales de bâtir un partenariat équilibré, dépassant le cadre classique de la coopération. Ce rendez-vous intervient dans un contexte régional et international particulièrement complexe. Rabat cherche à diversifier ses partenaires et à renforcer sa présence au sein des équilibres mondiaux, tandis que Moscou ambitionne de consolider ses liens avec les acteurs clés d'Afrique du Nord, dans un environnement géopolitique en pleine mutation. Selon des sources diplomatiques concordantes, les discussions entre Bourita et Lavrov porteront sur plusieurs axes majeurs, notamment le développement des échanges économiques et commerciaux. L'énergie, l'agriculture, les engrais et l'industrie automobile devraient figurer en tête de l'agenda, des secteurs où la coopération maroco-russe a enregistré une progression notable ces dernières années. Les deux parties devraient également explorer des opportunités dans les domaines de l'enseignement supérieur, de la culture et du tourisme, alors que les investisseurs russes manifestent un intérêt croissant pour le marché marocain depuis la pandémie de Covid-19. Sur le plan politique, un large volet sera consacré à la concertation autour des dossiers régionaux, dont la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi que les défis sécuritaires dans la zone sahélo-saharienne. Le dossier du Sahara marocain devrait également être évoqué, Moscou soutenant un règlement politique négocié sous l'égide des Nations unies — une approche qui s'accorde avec la position du Maroc en faveur d'une solution réaliste préservant sa souveraineté et la stabilité de la région. La visite de Nasser Bourita à Moscou — la première depuis la relance du dialogue bilatéral après une période de relative froideur diplomatique — s'inscrit dans la stratégie étrangère équilibrée du Royaume, fondée sur la diversification de ses alliances et l'autonomie de sa décision diplomatique. Après avoir tissé des liens solides avec l'Union européenne, les Etats-Unis et la Chine, le Maroc entend désormais consolider sa présence dans l'espace eurasiatique, au service de ses intérêts économiques et de son rayonnement géopolitique. Pour de nombreux observateurs, cette rencontre marque un tournant décisif dans les relations maroco-russes. Elle pourrait ouvrir la voie à une coopération plus profonde dans des secteurs stratégiques tels que la sécurité alimentaire, les énergies propres, voire la coopération technico-militaire, dans le respect de la souveraineté de chaque partenaire. Ainsi, Rabat et Moscou semblent prêtes à dessiner les contours d'un nouveau partenariat fondé sur des intérêts mutuels et un respect réciproque, à un moment où les équilibres internationaux redéfinissent la carte des alliances. Une illustration, une fois encore, de la diplomatie marocaine, agile et pragmatique, capable de naviguer avec finesse dans un environnement mondial en constante évolution.