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Pékin–Abou Dhabi : le pari stratégique d'une confiance durable
Publié dans Aldar le 17 - 12 - 2025

Dans un contexte régional et international d'une extrême complexité, la visite du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à Abou Dhabi est venue confirmer que la relation entre la Chine et les Emirats arabes unis a dépassé le stade d'une coopération économique ponctuelle pour s'inscrire dans un choix stratégique mûrement réfléchi par Pékin. Alors que le Moyen-Orient connaît une profonde recomposition de ses équilibres et de ses alliances, la Chine recherche des partenaires stables, capables de tenir leurs engagements à l'écart des soubresauts politiques — un profil que le modèle émirati incarne avec clarté.
Cette visite, qui s'inscrit dans la dynamique d'élargissement de la présence chinoise au Moyen-Orient, traduit une volonté partagée d'approfondir le partenariat au-delà de l'économie, pour y intégrer des dimensions politiques et, dans une certaine mesure, sécuritaires. Pour Pékin, il ne s'agit plus seulement d'entretenir des relations commerciales, mais de s'appuyer sur des Etats capables de jouer des rôles politiques équilibrés sur des dossiers sensibles tels que Gaza ou le Yémen, tout en préparant des échéances majeures comme le prochain sommet Chine–monde arabe. Les Emirats, de leur côté, voient dans cette ouverture chinoise une opportunité de consolider leur position de médiateur régional crédible, tissant des liens avec les grandes puissances sans s'enfermer dans une logique d'alignement exclusif.
Le volet économique demeure toutefois le moteur central de cette relation. Les protocoles d'accord attendus dans des secteurs clés — intelligence artificielle, énergies renouvelables, économie numérique — ainsi que les projets liés à l'initiative « la Ceinture et la Route » ouvrent la voie à des flux d'investissements massifs, susceptibles d'atteindre plusieurs milliards de dollars. Ces investissements ne servent pas uniquement les intérêts chinois : ils s'articulent directement avec la Vision Emirats 2031 et consacrent le pays comme un hub logistique et commercial mondial reliant l'Asie, le Moyen-Orient et l'Afrique.
Mais le pari chinois ne se limite pas à l'économie dite « dure ». Il s'étend également au soft power. Le renforcement des liaisons aériennes et l'augmentation des flux touristiques chinois témoignent d'une conscience partagée de l'importance de la dimension culturelle et humaine dans l'ancrage de relations durables. Les Emirats sont devenus une destination de choix pour les touristes chinois, non seulement grâce à la qualité de leurs infrastructures, mais aussi en raison d'un environnement sûr et stable, capable d'absorber cette dynamique touristique et de la transformer en valeur ajoutée pour les secteurs de l'hôtellerie et des loisirs.
Dans les secteurs stratégiques, les deux parties capitalisent sur des expériences de coopération réussies, au premier rang desquelles figure la collaboration dans le domaine de la santé durant la pandémie de Covid-19, notamment autour du vaccin Sinopharm. Ce précédent a renforcé la confiance mutuelle et ouvre la voie à des partenariats plus approfondis dans les biotechnologies, l'énergie et l'innovation de pointe. De grandes entreprises émiraties jouent aujourd'hui le rôle de passerelles opérationnelles vers une intégration technologique accrue : elles offrent à la Chine un point d'ancrage avancé dans des secteurs sensibles, tout en permettant aux Emirats un accès élargi aux technologies et aux marchés asiatiques.
Le pari chinois sur les Emirats s'inscrit dans une série de considérations stratégiques. La stabilité du processus décisionnel et la clarté des centres de pouvoir offrent à Pékin une assurance rare dans une région agitée. À cela s'ajoute la diplomatie pragmatique d'Abou Dhabi, fondée sur l'équilibre et l'ouverture, en phase avec la philosophie chinoise privilégiant les partenariats plutôt que les alliances militaires. Le solide historique émirati en matière de respect des accords constitue également un atout majeur : l'expérience montre que les contrats y sont exécutés à l'abri des politisations et des retournements conjoncturels.
Dans une perspective plus large, la Chine considère les Emirats non pas comme un simple marché national, mais comme un point d'appui régional sûr. Infrastructures de pointe, ports de rang mondial et environnement juridique attractif en font une plateforme idéale pour la consolidation des intérêts chinois dans le Golfe, en Afrique et en Asie du Sud. Par ailleurs, un niveau de sensibilité sécuritaire relativement faible, comparé à d'autres pays de la région, réduit les risques de pressions ou de sanctions pesant sur les projets chinois — un facteur déterminant dans les calculs stratégiques actuels de Pékin.
Lorsqu'on compare le degré de confiance accordé par la Chine à ses partenaires régionaux, les Emirats se détachent nettement. Ils sont perçus comme un partenaire à haute fiabilité, où se conjuguent stabilité décisionnelle, prévisibilité et séparation relative entre l'économie et les différends politiques. D'autres pays de la région demeurent des partenaires importants, mais plus complexes, en raison de virages politiques rapides, d'environnements économiques et bureaucratiques moins attractifs, ou d'une plus grande exposition aux pressions internationales.
La Chine ne « prend pas de risque » avec les Emirats : elle investit dans un modèle qui a fait ses preuves. Abou Dhabi, dans les calculs de Pékin, n'est pas seulement un bon partenaire, mais l'environnement le plus sûr pour agréger des intérêts économiques et politiques dans un Moyen-Orient instable. D'où les rôles singuliers qui lui sont confiés : hub logistique, plateforme d'investissement et canal politique discret, au cœur d'une stratégie chinoise plus large fondée sur la sélection de partenaires fiables dans un monde en mutation accélérée.


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