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Les professeurs de musique jouent sur les touches de la souffrance
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 09 - 05 - 2008

«La situation où évoluent les professeurs de musique, de danse et de théâtre est littéralement catastrophique». Le témoignage est de Mohamed El Moda, professeur de luth au Conservatoire communautaire de Casablanca. Ce professeur qui enseigne la musique depuis des décennies n'a pas encore touché son salaire des cinq derniers mois de travail, tout comme ses collègues. Une situation qu'il juge indigne des professeurs de musique qui, déclare-t-il, vivent un véritable calvaire au quotidien.Mohamed El Moda se rappelle avec un grain de nostalgie l'histoire de ce conservatoire emblématique de Casablanca. Fondé en 1942 à la période du protectorat, les indemnisations des professeurs y officiant étaient de 10 dirhams par heure. Une rémunération qui va s'améliorer légèrement six ans plus tard, en 1948, atteignant 15 DH. Après l'indépendance du Maroc, les Français commencent à déserter l'établissement, remplacés par les gens du terroir. Le tarif des cours ne va cependant pas progresser. Il restera fixé à 15 DH depuis cette date et jusqu'à aujourd'hui.
Actuellement, le salaire des professeurs est dans le meilleur des cas de 1300 DH, exonérés de 17% d'IGR. Cette somme modique est le plafond que peut atteindre un professeur de musique de la métropole. Mais encore, les salaires accusent souvent des retards de versement. «Nous ne sommes pas payés depuis cinq mois maintenant, nous peinons à survivre à cause de cette situation», se lamente Mohamed El Moda. Naïma Moubah, professeur de musique andalouse partage, elle aussi, ce sort peu enviable.
«Nous ne disposons ni de mutuelle ni de retraite. Il y a même des gens qui ont 38 ans d'ancienneté et qui sont toujours payés pour les seules heures qu'ils prodiguent», déclare avec un air désolé Bouchaïb Talaâi, professeur de théâtre. Les enseignants des arts peuvent rester vacataires à vie sans jamais accéder au grade de titulaire. Cela est pourtant en totale contradiction avec la réglementation de ce secteur, qui stipule que tout professeur ayant dépassé un an et une journée de travail doit devenir titulaire.
Au Conservatoire national de musique et de danse de Rabat (CNMDR), la situation n'est guère reluisante. Samir Tamim, professeur de violon, est un de ces professeurs compétents et diplômés mais sans statut stable. Disposant de diplômes nationaux et internationaux en musique, et d'un DESS en droit, il est lui aussi vacataire au CNMDR. Dans cet établissement, censé être un temple de la culture, les professeurs ne sont pas payés depuis le début de l'année (!).
Qu'est-ce qui fait que cette situation d'abandon et de crise perdure depuis des années ? «Depuis 1991, aucun professeur n'est devenu titulaire au conservatoire de Rabat. Les ministres se succèdent et les colloques sortent avec les mêmes conclusions, mais rien ne change», déclare Samir Tamim. Le constat est en effet sidérant. Les conservatoires de musique vivent dans un état d'apathie chronique. Les responsables ne cessent de formuler des vœux pieux à l'égard des professionnels du secteur, sans résultat tangible sur le terrain. Le Conservatoire national souffre de l'absence d'équipements, du manque de motivation morale et matérielle des professeurs. Un syndicat d'envergure nationale a vu le jour ces dernières années pour essayer de trouver une solution. Les grèves et les sit-in devant le siège du ministère se sont multipliés. Mais apparemment, la musique n'a pas sa place dans les préoccupations des officiels de ce secteur. «Certains responsables ont même menacé de fermer les conservatoires, comme s'ils en étaient les propriétaires !», s'indigne Samir Tamim.
A force de militantisme, ce syndicat avait réussi à décrocher du dernier ministre de la Culture, la promesse d'intégrer vingt professeurs de musique. Le ministre avait même décrété une note officialisant cet acquis. Avec le changement du gouvernement après les élections du 7 septembre dernier, ce dossier est resté en suspens. La nouvelle ministre, Touria Jabrane, a donné un nouveau rendez-vous en 2009 pour parler d'intégration. Juste un rendez-vous de plus ?
Contrairement aux conservatoires de Casablanca qui sont gérés par le Conseil de la ville, le Conservatoire national de musique et de danse de Rabat dépend directement du ministère de la Culture. Ces dernières années, de nouveaux programmes visant la promotion du théâtre, de la lecture et du livre ont vu le jour. Mais la musique reste le parent pauvre de la scène culturelle marocaine. Ces enseignants ont besoin d'un statut permanent et de droits sociaux pour assurer leur vie. Le Conservatoire de Rabat encaisse annuellement l'équivalent de 40 millions de centimes, qui vont au Fonds national d'action culturelle (FNAC), mais dont les professeurs ne bénéficient pas. Une source bien placée au ministère de la Culture et requérant l'anonymat, nous a déclaré que l'actuelle ministre, installée depuis six mois à peine, ne peut s'attaquer à tous les problèmes de la culture à la fois.
«Nous n'avons pu obtenir aucun poste budgétaire pour l'année en cours. D'ailleurs, le problème concerne tout le domaine de l'enseignement musical qui souffre du manque d'équipement et d'absence de structuration». En clair, ce secteur n'a pas de politique et de visibilité. Si le ministère de tutelle n'est pas à même de résoudre les problèmes d'un domaine qu'il est censé gérer, alors que faire? Les professeurs de musique s'accordent pour répondre en chœur à cette problématique : «Nous adressons un appel à SM le Roi Mohammed VI pour qu'il intervienne sur ce dossier».
La situation des professeurs de musique déteint sûrement sur la culture au Maroc. Ceux qui se sont dévoués à l'éducation artistique de nos enfants et à les préserver des risques de délinquance, n'ont pas été récompensés pour tous ces efforts fournis. Le manque de moyens financiers ne peut pas expliquer à lui seul cette réalité. L'absence de volonté politique et de vision pour le champ culturel, renseigne bien sur l'état d'avancement au Maroc des standards internationaux du développement humain.


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