Les jours passent et se ressemblent pour les personnes qui se déplacent chaque jour en train. Faire la navette tous les jours n'est pas chose facile.C'est une galère au quotidien. Le parcours sur la voie ferrée est pénible pour la majorité des navetteurs. Le stress et la fatigue sont omniprésents. Une peine que les navetteurs doivent supporter. Pour ces personnes, prendre le train est le seul moyen pour aller travailler ou étudier dans une ville où ils ne sont pas domiciliés. Les navetteurs n'ont pas vraiment le choix. Seul le train rapide leur permet d'atteindre leur destination à temps. Pour prendre le train le matin, il faut se lever tôt, voire très tôt. «Je dois me lever chaque jour à 6h pour pouvoir me préparer et arriver à temps à la gare», explique Halima, étudiante dans une école supérieure à Casablanca et qui habite à Rabat. Faire la navette quotidiennement nécessite beaucoup de patience. C'est une activité de longue haleine qui demande de l'endurance. «Je vis à Rabat et travaille à Casablanca. Faire la navette tous les jours exige une bonne dose de détermination», affirme Abdellah, fonctionnaire à la wilaya du Grand Casablanca. Le retard est une calamité que les navetteurs vivent malheureusement de temps à autre. C'est une imprévision qu'il faut prévoir. Etre obligé d'attendre une demi-heure ou une heure de plus, est un sérieux problème pour une personne tenue par des engagements professionnels. «Un jour, le train à destination de Casablanca a affiché un retard de 30 minutes. Par conséquent, je suis arrivée à 9h15, alors que je commence mon travail à 8h30», déplore Hasania, consultante dans une société de textile. Les navetteurs sont des personnes qui mènent un combat au continu contre la montre. Tels des athlètes, ils livrent une bataille sans merci contre le temps. Le rythme effréné de la navette les a transformés en des personnes toujours pressées et constamment préoccupées par l'heure. Toutefois, le repos hebdomadaire est une escale qui leur permet de récupérer et de sortir un peu du cadre de la navette routinière. Après une dure lutte de cinq ou six jours, le «navetteurs» se repose pour entamer un nouveau « round » avec plus de force et de sérénité. En fin de journée, sur le chemin du retour, bon nombre de personnes qui font la navette sont épuisées par la fatigue d'une journée laborieuse. Les « navetteurs» aguerris résistent tant bien que mal à la fatigue, les autres se laissent emporter par le sommeil qui les envahit dès qu'ils s'installent sur les sièges, dans les wagons du train rapide. Le voyage dans le train offre, cependant, aux navetteurs une belle occasion pour faire de la lecture. Ils ont le choix entre les journaux et les romans. «Une fois installé dans le train, j'ouvre mon roman et lis des passages. Pendant une heure je plonge dans les profondeurs de la littérature. La lecture est pour moi la clef du confort. Elle me permet de combattre le stress et me donne une agréable sensation», explique Rachid, technicien spécialisé en maintenance. Si plusieurs navetteurs profitent de leur présence dans le train pendant une heure voire plus, pour lire des livres ou des journaux, d'autres préfèrent écouter de la musique. Les mélodies musicales sont pour ces personnes un remède pour échapper à l'ennui. «Mon lecteur MP3 ne me quitte pas. Il me tient compagnie lorsque je suis dans le train», affirme Rajaa qui réside à Kénitra et poursuit ses études à la Faculté de médecine de Rabat. En dépit des quelques contraintes, le train est un lieu de rencontre, d'échange et de partage. Un espace où règne une ambiance favorable pour nouer des relations et s'ouvrir sur les autres. Certes, les navetteurs sont des personnes issues de milieux socio professionnels différents, mais ils vivent la même expérience. «Cela fait maintenant dix ans que je fais la navette entre Casablanca et Rabat. J'ai fait la connaissance de plusieurs personnes. Nous gardons toujours le contact. Le voyage dans le train a aussi son côté positif», souligne Aziz, employé dans une entreprise privée. Le train est un endroit où les relations humaines priment. La communication est facile et le contact se fait aisément. «Nous nous sommes rencontrés la première fois dans le train. Depuis, notre relation a évolué et s'est soldée par le mariage», affirment Hassan et Bahija, un jeune couple de Salé travaillant à Casablanca. Des centaines de personnes empruntent chaque jour le même chemin. Affrontant les mêmes contraintes. Les navetteurs ont appris à cohabiter avec les inconvénients que présente ce périple quotidien. Le train reste tout de même l'un des moyens de transport le plus sûr. Un train s'arrête, un autre repart. Des gens montent, d'autres descendent. L'engin rapide assure l'acheminement continuel, transportant jeunes et vieux vers de multiples horizons.