Entretien avec Paul Dakeyo, poète et éditeur camerounais ALM : Est-ce que ce prix est la consécration de vos écrits militants sur l'Afrique? Paul Dakeyo : Je voudrais dire combien je suis heureux d'être à Assilah pour recevoir le prix Tchicaya U Tam'si de la poésie africaine. C'est une consécration de mes écrits et de tout le travail que j'ai fait en tant que poète et éditeur. Puisque j'ai créé une maison d'édition pour donner une voix aux auteurs des pays du Sud. Ainsi, j'ai publié quelque 750 titres dont beaucoup de recueils de poèmes. Nous avons créé aussi un festival itinérant de poésie internationale en Afrique, qui a atteint sa dix-huit inème édition et permettant aux poètes de se rencontrer dans les différents pays africains. Et c'était également très enrichissant pour moi d'être deux fois au Festival international de poésie de Medellin, où j'ai rencontré des poètes venus des différents pays du monde. Que signifie pour vous cette distinction portant le nom du grand écrivain et poète congolais Tchicaya U Tam'si mort en 1989 ? Tchicaya était un ami que je connaissais très bien. Nous nous voyions régulièrement à Paris. Nous étions ensemble au festival d'Avignon. Tchicaya a d'ailleurs préfacé un de mes textes et cela doit dire des choses. J'ai beaucoup d'admiration pour le grand talent des lauréats du prix Tchicaya U Tam'si au fil de ses précédentes onze éditions. Je saisis l'occasion pour saluer tous mes prédécesseurs, notamment Edward J Maunick de l'Ile Maurice, René Depestre de Haïti, Mazini Kunene d'Afrique du Sud, Ahmed Abdel Mo'ti Higazi d'Egypte, Jean-Baptiste Loutard de Congo-Brazzaville, Vera Duarte de Cap-Vert, Nini Osundare de Nigeria, Fama Diagne Sene de Sénégal, Mehdi Akhrif du Maroc, Josué Guébo de Côte d'Ivoire, et Amadou Lamine Sall du Sénégal. Qu'est-ce vous attire dans l'œuvre de Tchicaya U Tam'si ? Tchicaya U Tam'si était un militant et homme de culture que j'ai souvent rencontré et je me suis inspiré de sa poésie. Il a travaillé à l'Unesco. Tchicaya a écrit des textes qui rentrent dans le même cadre que le mien pour une Afrique continentale. Il s'est distingué par ses écrits dans la lutte contre le colonialisme, le racisme et toutes les formes de discrimination ainsi que par son humanisme. En plus du prix Tchicaya U Tam'si, Assilah a baptisé un de ses jardins de son nom. Comment trouvez-vous cela ? C'est une belle initiative à prendre en exemple. Parce qu'en Afrique, très peu de pays comme le Mali où des rues portent le nom des grandes personnalités en Afrique. Personnellement quand j'étais venu à Assilah en 1994, la première chose que j'ai faite c'est d'aller dans le jardin portant le nom de Tchicaya U Tam'si et d'admirer ce bel espace.