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15 ans pour avoir tué un marchand
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 17 - 10 - 2006

Après vingt ans d'errance à Casablanca, Mohamed se retrouve condamné à quinze ans de réclusion. Il a tué un marchand ambulant.
Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Mohamed, solide gaillard de vingt-sept ans, d'allure sportive, vêtu d'un blue-jean et d'un tricot noir, est accusé de meurtre. Il parcourt inlassablement l'assistance du regard l'assistance comme s'il cherchait quelqu'un sur qui s'appuyer pour faire face à ses juges. Mais à l'exception de la famille de la victime, qui souhaite qu'il soit condamné à la plus lourde peine possible, il ne compte ni parent ni ami dans la salle.
A Casablanca, où il réside depuis qu'il a quitté sa ville natale, il y a vingt ans, Mohammed est seul. Sa famille, qui demeure à Talmest, dans la province d'Essaouira, l'ont d'ailleurs sans doute oublié. Il faut dire qu'il ne les a plus revus depuis qu'un jour, il avait dix-sept ans, il a accompagné son oncle à El Jadida.
Mohammed se souvient. Dix-huit mois après son installation à El Jadida, il finit par ne plus supporter l'autorité de son oncle et fait une fugue. Il passe quelque temps à El Jadida avant de se décider à tenter la grande aventure : aller à Casablanca.
La pratique assidue de la mendicité lui permet d'amasser de quoi s'offrir un billet d'autocar à destination de la capitale économique. Une fois sur place, il tente comme il peut de compenser son manque d'instruction et de qualification professionnelle. En fait il apprend, comme tant d'autres, à fouiner, à dénicher, à bricoler par-ci et par-là pour assurer sa survie. Et pour lui comme pour tant d'autres, c'est souvent l'enfer au quotidien.
Au fil des mois, Mohamed finit par connaître les ruelles, les boulevards, les cafés, les terrains vagues, le port, les dealers, les clochards, les voleurs, les toxicomanes… Il réussit même à éviter de se faire envoyer en prison. Jusqu'à cette terrible accusation, qui retentit à ses oreilles dans la grande salle de ce tribunal casablancais.
« Tu es accusé d'homicide volontaire… », lui lance le président de la cour.
Mohamed ne sait pas quoi répondre. Feignant de pas comprendre les paroles du président, il se tourne vers l'avocat qui lui a été commis d'office au titre de l'assistance judiciaire.
Il comprend que ce dernier n'est pas sur le point de prendre la parole et qu'il est seul pour l'instant face au président, qui lui adresse une nouvelle question :
«Pourquoi as-tu assassiné Brahim?». Brahim, Ba Brahim comme on l'appelle à Bab Marrakech, est un marchand ambulant, père de huit enfants.
« Il m'a provoqué !» Telle est la réponse de Mohamed au président. Mensonge… Du moins selon le procès-verbal de la police judiciaire, dans lequel Mohamed avoue avoir été surpris par Brahim alors qu'il tentait de lui voler de l'argent.
« Non, M. le président, je ne suis pas un voleur, je gagnais ma vie en gardant les voitures… », se reprend-il. Là encore, le président ne peut que constater des déclarations contradictoires : d'après le procès-verbal, Mohamed est chômeur et l'enquête effectuée auprès des témoins atteste qu'il n'a jamais été gardien de voitures. Selon les mêmes témoignages, Mohamed fréquentait de temps en temps la place Bab Marrakech et la rue Moha Ou Saïd, dans l'ancienne médina, en quête d'une victime à dépouiller de son argent.
Le président poursuit la lecture du procès-verbal pour tenter de cerner les faits.
D'après les témoins cités, lorsque Brahim s'est rendu compte de la main de Mohamed dans sa poche, il lui à donné un coup de poing tout en criant : « Au voleur !». Mohamed a tenté de s'enfuir mais Brahim l'a rattrapé et lui a donné un autre coup. C'est alors que Mohamed a sorti un couteau de sous ses vêtement et en a frappé Ba Brahim.
Mohamed a beau clamer « Ce n'est pas vrai ! ». Les témoins sont catégoriques. De nombreuses personnes l'ont vu poignarder Brahim et tenter de s'enfuir.
«C'est nous qui l'avons immobilisé pour l'empêcher de prendre la fuite.», précise un témoin.
L'avocat aura beau de son côté réclamer le bénéfice des circonstances atténuantes. Inflexible, le représentant du ministère public requiert la peine maximale. Finalement, la cour condamne Mohamed à quinze ans de réclusion criminelle.
Plus seul que jamais, Mohamed voit s'ouvrir devant lui un long chemin de solitude. Il sait que personne ne viendra jamais lui rendre visite en prison. Et qu'il a sans doute été mal inspiré de quitter sa terre natale où vivaient les siens.


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