Israël s'efforce de tirer un avantage politique maximum après l'interception jeudi d'un cargo chargé d'armes, une opération truffé de zones d'ombre. Tel-Aviv accuse l'Autorité palestinienne d'avoir affrété le navire et acquis un stock de 50 tonnes d'armes auprès de l'Iran en vue d'une escalade militaire, chose que démentent avec force l'Autorité palestinienne et Téhéran. Une affaire –un peu trop bien ficelée - à laquelle le Cabinet Sharon a donné le plus de publicité possible. Le ministère des Affaires étrangères ayant même reçu des consignes pour lancer une «campagne d'informations» internationale destinée à stigmatiser l'Autorité palestinienne et l'Iran. Dame ! L'occasion était trop belle pour laisser passer la «coïncidence» de l'entretien du médiateur américain Anthony Zinni avec Yasser Arafat. Zinni a d'ailleurs demandé des «explications» à M. Arafat, qui a affirmé ne rien savoir mais promis sa «pleine coopération». Israël, comme l'a si bien affirmé le président Jacques Chirac, ne doit pas affaiblir Yasser Arafat et subordonner la reprise du dialogue à des conditions irréalisables» qui rendraient les extrémistes arbitres du jeu. Allez donc raconter cela à Sharon et ses comparses. Menée par des commandos de la marine israélienne, l'opération semble, avoir donné plus de recul au Cabinet Sharon et à la population israélienne ébranlée par 15 mois d'Intifada. Responsables politiques et médias israéliens ont tôt fait de rapprocher l' «événement» avec le succès, en 1976, du raid d'Entebbe, pour la libération d'otages en Ouganda. Chargé de 50 tonnes d'armes, destinées selon les allégations d'Israël aux Palestiniens, le «Karine A», a été arraisonné jeudi à l'aube dans les eaux internationales en Mer Rouge, à 500 kilomètres des côtes israéliennes, entre le Soudan et l'Arabie Saoudite. Un cas de piraterie qui révèle la nature véritable d'un Israël méprisant vis-à-vis du droit international. Le chef d'état-major, le général Shaoul Mofaz, a estimé qu'Israël devait prendre des mesures encore plus radicales envers l'Autorité palestinienne. Selon l'armée israélienne, le capitaine du navire serait un officier des services de la police maritime palestinienne, dont feraient également partie trois hommes d'équipage. Les armes devaient être placées dans des conteneurs étanches flottants en vue d'être débarqués sur la côte de Ghaza ou bien à Al-arish, en Egypte, pour être ensuite passées en contrebande. A supposer que ce qu'avancent les Israéliens soit vrai, comment les Palestiniens seraient parvenus à débarquer une telle quantité d'armes, sur un côte aussi étroitement surveillée que celle de Ghaza, où pullulent les patrouilles maritimes israéliennes? L'enseignement que l'on peut tirer de ce triomphalisme un peu trop claironnant d'Israël, c'est que Tel-Aviv veut mener Zinni et partant, la communauté internationale, en… bateau.