Les chefs d'Etat de la région de l'Afrique de l'Ouest ont appelé à un sursaut et ont tenté d'unir leurs forces face à la menace djihadiste. Toutefois, l'efficacité de la riposte demeure incertaine étant donné que les efforts de lutte contre le terrorisme en Afrique de l'Ouest sont encore insuffisants, apprend-on de l'hebdomadaire international « Jeune Afrique ». Lors du sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), organisé le 14 septembre à Ouagadougou, les chefs des Etats d'Afrique de l'Ouest ont annoncé qu'ils comptent s'unir pour faire face au terrorisme dans leur région. D'après cet hebdomadaire, ce sommet aura eu le mérite de confirmer une prise de conscience générale, quoique tardive. La Cedeao a aussi décidé de s'impliquer davantage dans la lutte contre le terrorisme. Pour la première fois, l'élargissement souhaité des partenaires a été acté. La présence de la Mauritanie et du Tchad était également un signe fort. Toutefois, les Etats d'Afrique de l'Ouest peinent à trouver la bonne formule pour mieux coordonner la riposte contre une menace jihadiste qui fait tache d'huile et s'étend dangereusement vers le sud. La principale annonce faite à Ouagadougou a été d'ordre financier. Face aux réticences de la communauté internationale à financer le G5 Sahel, la CEDEAO a décidé de consacrer 200 millions de dollars par an sur cinq ans à la lutte contre le terrorisme, soit au total près de 1 milliard de dollars. Cette idée a été soufflée par Patrice Talon, Président de la République du Bénin, puis poussée par Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d'Ivoire. Plusieurs présidents de cette sous-région africaine veulent que le Nigeria mette la main à la poche et rêvent de gagner un peu de marge de manœuvre en convainquant la Banque mondiale et le FMI que les fonds alloués à la défense et à la sécurité sont assimilables à des dépenses liées au développement. Les pays de cette sous-région veulent que leurs partenaires extérieurs s'engagent davantage. D'ailleurs, lors d'une réunion consacrée à la sécurité dans la région par l'ONU le mercredi 25 septembre dernier, plusieurs pays africains ont demandé à ce que les pays du CEDEAO reçoivent les fonds qui leur ont été promis par la communauté internationale concernant les projets de lutte contre le terrorisme. S'agissant du financement du G5 Sahel, le président burkinabè et président en exercice du G5 Sahel a renouvelé son appel à financement mercredi dernier. Rock Marc Christian Kaboré a précisé qu'une grande partie des fonds promis en décembre dernier lors du sommet de Nouakchott n'avaient toujours pas été débloqués. « Nous rappelons encore notre requête d'accorder un mandat (…) à la force conjointe du G5 Sahel, sous le chapitre 7 de la charte des Nations unies, afin de lui accorder des ressources pérennes », a dit le président burkinabè. « Avec une force plus dotée, un mandat plus offensif pour la Minusma et les forces alliées, nous devrions être en mesure de faire face à la menace terroriste dans la région du Sahel. » Par ailleurs, un appel au financement lancé également par Ibrahim Boubakar Keita. Le président malien a insisté sur le fait que l'option militaire ne réglerait pas à elle seule les problèmes de la région. Il a rappelé l'importance de projets de développement pour la création d'emplois, l'amélioration des conditions de vie des populations, l'éducation et la santé. Il a également rappelé les progrès réalisés par son pays mais insisté sur le fait qu'une stabilité sécuritaire au Sahel passait forcément par la stabilité du Mali et de la Libye. « Il s'agit d'un enjeu qui concerne l'ensemble de tous ceux qui se réclament des mêmes valeurs », selon lui. Toutefois, même si les pays de la CEDEAO se retrouvent sur la nécessité d'allier leurs forces, ils ne semblent en revanche pas s'entendre sur les instruments à utiliser pour y parvenir puisque plusieurs se montrent sceptiques. Les divergences de vues concernant l'avenir du G5 Sahel en attestent. Les pays membres du G5, à savoir la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, ne souhaitent pas voir leur organisation disparaître. Aujourd'hui, les attaques djihadistes se multiplient en Afrique de l'Ouest, notamment au Burkina Faso, la stratégie de lutte antiterroriste a échoué. A l'heure qu'il est, les pays de la CEDEAO doivent d'unir pour agir, à l'immédiat, contre le terrorisme.