La télévision d'Etat française France 24 a publié, samedi, un reportage sur les manifestations populaires au Tchad et leur répression violente par les forces de l'ordre, montrant des images et les commentant sur le vif. Mais la patriotique France 24 n'a pas pipé mot sur une scène, pourtant très visible dans son reportage, montrant des jeunes manifestants tchadiens en train de brûler le drapeau tricolore de la république française. Si la commentatrice du reportage n'a pas trouvé d'explication à donner à ses téléspectateurs sur le geste des manifestants, nous la lui fournirons volontiers, sans toutefois approuver la profanation de l'emblème nationale de quelque pays que ce soit ni accepter de fouler aux pieds ses sentiments. Les jeunes tchadiens ont brûlé le drapeau français tout simplement pour protester et dénoncer le soutien de Paris au nouveau régime militaire qui a pris le pouvoir à N'Djaména grâce à un coup d'état. En effet, au lendemain de la mort le 18 avril dernier du président du Tchad, Idriss Déby Etno, après trente années au pouvoir, son fils, un général de l'armée, et une poignée de militaires ont pris le pouvoir et suspendu le fonctionnement normal des institutions. Le président Emanuel Macron s'est alors empressé de se rendre dans l'ancienne colonie française pour assister aux obsèques de «son ami» Déby, un dictateur, donnant ainsi sa bénédiction aux nouveaux maîtres du Tchad portés au pouvoir par la force des armes. Les peuples africains ont maintes fois manifesté leur ras-le-bol de l'immixtion de Paris dans leurs affaires internes, comme ce fut le cas il y a quelques mois au Mali où les gens étaient descendus dans les rues en scandant «la France dehors». La France et ses médias refusent de voir que le monde change et persistent dans leur arrogance et leur mépris des peuples africains. Il n'y a pas longtemps, un chef d'Etat africain avait reçu dans son palais présidentiel des médias publics français pour un entretien. S'adressant à lui, une journaliste, dans un mélange d'arrogance de pseudo intimité, l'avait interpellé par son nom et prénom. Outré, le chef de l'Etat l'avait remise à sa place en la sommant de l'appeler «Monsieur le Président» ou alors quitter immédiatement les lieux, non sans ajouter : «Oseriez-vous, Madame, appeler votre président, monsieur Emanuel Macron »? Ce sentiment anti français de plus en plus grandissant s'est manifesté également en Côte d'Ivoire, au Sénégal, au Niger et ailleurs. Pire, ce ressentiment a surgi et se développe même sur le sol français par le biais de diverses communautés. C'est sans doute ce qui, entre autres, a poussé des dizaines de militaires et d'officiers français à la retraite, dont pas moins de vingt généraux, à signer récemment une tribune dans le magazine Valeurs Actuelles tirant la sonnette d'alarme sur le délitement de la France. Et en croire France 24, ces militaires auxquels se seraient joints d'autres en activité, s'apprêteraient à publier une deuxième tribune dans le même magazine. C'est dire que la maison France brûle et que ses dirigeants gagneraient à éteindre l'incendie chez eux et laisser les africains gérer eux-mêmes leurs affaires.