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L'hebdomadaire français «Le Point» dissèque l'impasse algérienne
Publié dans Barlamane le 12 - 08 - 2021

Dépendante de la rente pétrolière et déjà confrontée à une impasse politique doublée de l'urgence sanitaire liée à la mutation rapide de la Covid-19, l'Algérie, affectée par les prix en berne du marché des hydrocarbures, voit s'approcher les conséquences d'une grave crise économique inédite. Le magazine Le Point a disséquer la situation du pays.
Le pays «est au bord du gouffre financier», avait alerté Luis Martinez, spécialiste du Maghreb au CERI-Sciences Po de Paris en 2020. Assèchement des réserves de change, aggravation inarrêtable du déficit budgétaire et de la balance des paiements, forte dévaluation du dinar et une poussée inflationniste aigue : l'Algérie, confrontée également à la récession économique et son corollaire, le chômage de masse, vit une situation critique, affirme l'hebdomadaire français Le Point dans son édition du 12 août, n° 2 256.
«En Algérie, la population a manifesté son désir d'en finir avec des Etats qui fonctionnent sur des logiques rentières», a affirmé Michaël Béchir Ayari, analyste principal pour International Crisis Group. «La tête de gondole Bouteflika est retirée, son entourage incarcéré, d'autres visages prennent sa succession. Le système demeure. Intellectuels et journalistes contestataires sont ciblés. L'envie d'émigrer s'accroît. Le système? «Une combinaison de lois archaïques, inchangées, qui fait que les règles du commerce libre ne sont pas entrées en vigueur et que les sociétés sont régulées par des lois inadaptées aux pratiques de la population, qui encadrent et étouffent la vie des citoyens», précise Ayari.
Afin de juguler les sinistres pronostics, le gouvernement algérien a annoncé une baisse de 30 % du budget de fonctionnement de l'Etat et une réduction de l'intenable facture des importations de 41 à 31 milliards de dollars (38 à 28 milliards d'euros). L'Algérie a décidé aussi de ne plus se fier aux cabinets d'expertise étrangers pour ses grands projets, afin d'économiser 7 milliards de dollars (6,5 milliards d'euros) annuellement.
«Dès les années 1970, les ministres algériens savaient que la population serait multipliée par quatre en quarante ans, que les réserves de pétrole baisseraient en quarante ans. Tous ces documents sont aux archives, mais rien n'a été fait, on s'est perdu dans d'autres conflits» note Le Point citant un spécialiste algérien Dans le pays, «la corruption prend des proportions autres. En plein essor du téléphone mobile, un gigantesque marché public est accordé pour construire des cabines téléphoniques. L'argent sera versé mais point d'équipement. Politiquement, humainement, les 100 000 morts de la décennie noire habitent les consciences. Quand le président Tebboune convoque des législatives anticipées en juin, on prévoit une mise à l'index électorale du parti qui dirige le pays depuis l'indépendance, le FLN, pétri de scandales financiers. Patatras, le parti historique se hisse en tête avec députés grâce à une participation historiquement basse. Rapporté au nombre de voix, le résultat est indigent: 287 000 voix pour un corps électoral de 24 millions. Quant au parti islamiste, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui se voyait triomphant, il est relégué au second plan» a-t-on noté.
«Bouteflika: cet homme isolé, grabataire, agrippé au pouvoir par la rancune et la mégalomanie et soutenu par une kleptocratie qui vide les caisses du pays» note le magazine. «Un écrivain rappelle que les Frères musulmans contrôlent désormais la Commission parlementaire qui chapeaute l'Education nationale en Algérie. On laisse aux figurants progressistes l'avantage du premier rôle médiatique, et on s'occupe, chez les islamistes, de prendre les pouvoirs, doucement, discrètement. Ce qui accentue cette prédiction angoissante du crash lent est ailleurs: la ruine des écoles, l'effondrement des institutions de production des élites, la sous-formation, l'enfermement qui «zombifie» la jeunesse, les réseaux sociaux, la misère sexuelle et culturelle, et l'étonnante impuissance des régimes stabilisateurs (une dégradante vocation) locaux à imaginer l'avenir et à concevoir des lendemains» a-t-on détaillé.
Plus de 90 % des recettes en devises de l'Algérie proviennent des exportations de pétrole et de gaz. Mais les recettes sont sur une trajectoire descendante depuis des années. Pendant ce temps, au cours de la dernière décennie, l'Algérie a dépensé plus de 28 % de son PIB chaque année en importations. En conséquence, ses réserves de change sont passées de près de 200 milliards de dollars en 2014 à moins de 50 milliards de dollars aujourd'hui. Les économistes disent qu'ils pourraient s'épuiser dans deux ans.
Le pays a donc essayé de dépenser moins d'argent sonnant et trébuchant. Il a considérablement réduit sa facture d'importation en 2020. Sonatrach, monstre énergétique du régime, qui effectue une grande partie de son activité en devises étrangères, a été invitée à réduire de moitié ses dépenses. Le gouvernement a imposé des tarifs allant jusqu'à 200 % sur tout, du chocolat aux téléphones portables.
L'Algérie a longtemps essayé de se diversifier hors de l'énergie, de développer le secteur manufacturier et de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations. Après avoir interdit les importations de voitures en 2016, elle a mis en place des partenariats entre des producteurs étrangers et des hommes d'affaires algériens pour le but d'assembler des voitures localement. Le gouvernement espérait créer une industrie automobile aussi puissante que celle du Maroc, voisin de l'Algérie, qui expédie des voitures vers l'Europe et à travers l'Afrique. Sans succès.
Malgré les défis budgétaires, la crise économique, les troubles sociaux et l'urgence de santé publique, le président Abdelmadjid Tebboune a insisté sur le fait que l'Algérie ne solliciterait pas de prêt pour atténuer les difficultés socio-économiques du pays. Tebboune a déclaré que «l'accumulation de dettes nuit à la souveraineté nationale», ses mesures ne feront cependant pas grand-chose pour soutenir une économie algérienne déjà fragile, et la situation ne fera que s'aggraver. L'incertitude quant à l'avenir budgétaire du pays et la menace pour la stabilité qu'elle entraîne surviennent à un moment particulièrement difficile sur le plan politique. Des questions importantes subsistent sur les allers-retours politiques entre le mouvement de protestation populaire pacifique connu sous le nom de Hirak et les dirigeants du pays. À l'impasse politique s'ajoutent les problèmes de légitimité du président Tebboune et la perte d'entente entre le président, l'armée et les services de renseignement.


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