Hakim el Karoui, stratégiste, écrivain et ancien conseiller de Matignon, a indiqué, dans une chronique au journal français L'Opinion que «la France est en reflux partout en Afrique : au nord, à l'ouest, au centre», affirmant que «l'influence française s'étiole» et que le «paternalisme» de Paris aggrave l'hostilité à son égard. Pour lui, «les récents coups d'Etat au Sahel (Guinée, Mali, Burkina-Faso et finalement Niger) ont fini de saper l'influence française dans cette partie de l'Afrique.» «C'est au nord de l'Afrique que l'hostilité est la plus surprenante, car les gouvernants sont légitimes et anciens, ce ne sont pas des militaires putschistes qui dirigent. Alors que l'Algérie est depuis 1962 hostile à la France, à son armée, à ses entreprises, c'est maintenant la Tunisie et le Maroc qui se détournent depuis quelques années de leur partenaire historique. Les relations économiques baissent (l'Espagne a supplanté la France comme premier partenaire du Maroc) et surtout, les relations politiques et diplomatiques sont au plus bas : la Tunisie est gouvernée par un chef d'Etat fondamentalement antifrançais, le Maroc ne supporte pas que sa modernisation ne soit pas perçue par les élites françaises», a-t-il écrit. «Les épisodes s'enchaînent : leadership italien dans la relation avec la Tunisie avec une France étrangement absente sur le dossier des migrants qui partent des côtes tunisiennes, refus par le Maroc de l'offre d'aide française après le tremblement de terre d'al Haouz, colère des élites francophones marocaines après les restrictions de visas... Colère. Partout en Afrique francophone la colère gronde contre la France», a-t-il souligné. Mettant en évidence une France «néocoloniale», «hostile aux Africains» ou tout simplement «dépassée» par l'Allemagne et la Grande-Bretagne et même par les Etats-Unis ! – M. Karoui affirme que cet ordre des choses est «aujourd'hui est nécessaire.» «Il faut que le regard français sur l'Afrique anciennement colonisée change. Il faut aussi que le regard des Africains sur la France évolue. Le paternalisme postcolonial doit cesser. L'idée que la France peut tout et organise tout en Afrique aussi. Quoi de mieux pour que ces évolutions aboutissent que l'actuel grand vent de dégagisme anti-français qui a cours en Afrique ? En sortant d'Afrique, la France va retrouver son juste rôle», a-t-il précisé. Pour lui, la relation France/Afrique, «c'est la société civile qui en porte l'avenir, pas les responsables politiques», a-t-il conclu.