L'Algérie vient d'étoffer encore un peu plus son triste palmarès des violations des droits des migrants, en refoulant une centaine de Sénégalais vers le nord du Niger, au cours des dernières semaines. Quelque 150 ressortissants sénégalais se sont retrouvés, du jour au lendemain, livrés à eux-mêmes en plein désert, dans un scénario similaire à celui qui a visé, en 2023, des milliers de Nigériens, victimes collatérales de la crise politique entre le régime algérien et les nouvelles autorités de Niamey. Les campagnes contre les Subsahariens sont monnaie courante en Algérie, lesquelles désignent à leur vindicte des migrants qui vivent dans des conditions extrêmement précaires. Ces derniers mois, l'Organisation internationale des migrations (OIM) a confirmé «l'arrivée de vagues de migrants» d'Algérie, souvent originaires d'Afrique de l'Ouest et centrale, et qui se trouvent «bloqués» dans le nord désertique du Niger ou dans les frontières algériennes brûlantes, exposés à «des traitements inhumains et dégradants». L'Algérie, sans législation en matière d'asile, profite de ce flou juridique pour agir au détriment des lois internationales. Des sources de Médecins sans frontières (MSF) ont indiqué que, depuis début 2024, les autorités algériennes ont expulsé entre 7 000 et 9 000 citoyens de différents pays subsahariens. L'ONG Alarmphone Sahara estime ce chiffre à près de 9 000, entre début janvier et début avril. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) fournit du matériel médical aux refoulés tandis que le Programme alimentaire mondial (PAM) livre des centaines de tonnes d'aliments. MSF, eux, déploient également leurs propres ressources tandis que les ONG humanitaires documentent la répression algérienne. L'année dernière, plus de 22 000 migrants ont subi les foudres des autorités algériennes, qui ciblent visiblement ses victimes en fonction de l'état de leurs relations avec les pays concernés. Transportés dans des camions de bétail, les migrants se font généralement tabasser et lyncher, avant d'être jetés sans ménagement au «point zéro» de la frontière avec le Niger. Ensuite, ils doivent marcher pendant des kilomètres, sous un soleil de plomb, avant de rejoindre la région d'Assamaka, où les organisations humanitaires se déclarent débordés par le nombre considérable des expulsés. La même situation prévaut en Tunisie, où les vagues de refoulement des migrants ouest-africains se multiplient. En février 2023, le président Kaïs Saïed s'en est pris aux «hordes de migrants clandestins» qui perpétuent «des violences et des crimes» à travers le pays. Il a accusé «les immigrés illégaux d'Afrique subsaharienne» de «modifier la composition démographique de la Tunisie.»