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Hicham Jerando, de Montréal à Al-Jabal al-Asfar (II)
Publié dans Barlamane le 16 - 12 - 2024

Au Québec, Hicham Jerando aspire à un nouveau départ. Mais les anciennes habitudes ont la vie dure : il enchaîne infidélités, business foireux et combats politiques fantasques, notamment auprès d'un Etat fictif.
En 2009, Hicham Jerando accueille sa première naissance : Lina. Fraîchement installé à Montréal, l'homme vit dans un premier temps sur ses réserves, qui tarissent à vue d'œil. Il se retrouve rapidement contraint d'enchaîner les petits boulots.
Sur les réseaux sociaux, il partage avec ses proches les joies de la paternité. Mais les mœurs et les habitudes d'antan reprennent vite le dessus : Jerando est un père et un époux volage. Son nourrisson calé contre sa poitrine, un biberon tenu dans la main gauche, et de la droite maniant son clavier, il court de site de rencontres en site de rencontres. Il n'a même pas attendu que sa fille prononce ses premiers mots.
Lire aussi : Les mille et une vies de Hicham Jerando : marchand de cassettes, escroc dans l'immobilier (I)
On le retrouve ainsi sur Fling avec son adresse mail [email protected]. Il s'y est inscrit le 18 octobre 2010, quatre jours après avoir fêté son 34e anniversaire. Actif sous le pseudonyme de hjerando00 (et un mot de passe de prédateur : shark53830), il a indiqué une fausse date de naissance pour augmenter l'attractivité de son profil : le 19 avril 1980.
Ses préférences indiquées sont le sexe de groupe et le fétichisme.
Fling n'est pas le seul site de rencontres où Jerando a braconné de la chair fraîche. Il a fréquenté JustDate, qui a été ciblé par des pirates en septembre 2016. Il y apparaît avec son adresse mail [email protected]. L'inscription a vraisemblablement eu lieu à la même période que pour Fling, Jerando ayant renseigné pour code postal le H4N3E5, celui de son ancienne adresse rue Maurice Lebel.
Le profil de Hicham Jerando fait de même partie des 112 millions de comptes touchés par le breach du site de rencontres Badoo en juin 2016. Il y était présent avec son adresse mail [email protected] (mot de passe : gyzequju).
Vagues ambitions révolutionnaires
2011 survient. De Rabat à Tunis, les manifestants écument les artères du Maghreb. Hicham Jerando se voit déjà leader d'opposition ; mais, comme jadis à Fès, et ensuite à HEC Montréal, l'homme, couche-tard et lève-tard, n'aime pas assister aux événements. Il manifeste en distanciel. Il constitue des groupes Facebook, rejoint d'autres. Il multiplie les publications énervées, plaide contre la Constitution, glorifie Abdelkrim El Khattabi, «un vrais roi qui n a jamais vlou l etre [sic].» Il tente vainement de rallier à sa droite et à sa gauche, lance des appels à des associations internationales qu'il prend à partie, le gouvernement marocain ayant, selon lui, «préparé un nombre gigantesque de policiers et de soldats pour violemment réprimer [le mouvement du 20-Février].»
Ses grattements génèrent peu d'attention, rarement des interactions. L'épisode protestataire de 2011 prend fin avec l'adoption d'une nouvelle Constitution et l'arrivée aux affaires du gouvernement Benkirane. Hélas, rien ne contente Jerando, qui dirige ses flèches contre le nouvel exécutif, le verdict des urnes et la volonté populaire. Ses proches amis de l'époque critiquent son revirement. «Mais non mon ami, toi, tu dois toujours t'opposer à tout», lui reproche Mehdi. «Lol, au début, tu t'opposais aux fassis, maintenant, tu vas être contre qui ?», le tance Ilham. Il se désengage du militantisme virtuel.
À partir de 2012, Hicham Jerando délaisse entièrement la politique. Il exerce en entrepôt. En parallèle, il suit les travaux de son plâtrier au Maroc, lui recommande tel faux plafond, tel type d'entrée. «Hadi a Omar, chouf rah f jnab kaien niontouila mkhab3a oura l gerniza», lui écrit Jerando. «Yak raditzid sal3a ?», demande Omar, le plâtrier.
Il déménage beaucoup. Rue Maurice Lebel, puis rue Meunier, où il loue un appartement d'une petite propriété résidentielle de deux étages, bâtie en 1959, et acquise en 2013 par Sara Rodriguez et Simonetta Mulatero. Rue Saint-Urbain enfin, l'adresse aujourd'hui indiquée comme lieu de résidence du couple sur les listes électorales provinciales, où les voici locataires des frères Di Domenico, qui en ont hérité de leur père décédé en mars 2017.
Durant l'été 2012, Jerando s'offre une Hyundai Elantra couleurgris charcoal. Bien des années plus tard, il fera accrocher sur le parechoc arrière le logo de la maison Jerando. Nous n'y sommes pas encore.
De Liqida à la liquidation
Après une brève expérience en entrepôt, il se lance dans une petite affaire de revente d'articles soldés. Il s'approvisionne en fripes bon marché qui présentent des défauts de fabrication ou qui ont échoué aux contrôles de qualité, qu'il achète à 50 centimes pièce pour les revendre à $5 sur le site Kijiji.
En 2013, il inaugure avec son épouse un magasin de liquidation de vêtements pour hommes, femmes et enfants au 60, rue Chabanel. L'affaire grandit, un autre magasin est ouvert au 104 de la même rue. Une société est constituée : Liqida, fondée en juin 2013 et dissoute en août 2016.
En 2014, il participe à une timide tentative de ralliement des MRE, en constituant avec d'autres compatriotes l'Alliance des Marocains résidant à l'étranger (AMRE). Une initiative vite abandonnée.
Les business se succèdent : le couple combine commerce de burkinis et assistance fiscale via Services Arwa, une autoentreprise de Naima Diyane. Ils s'essaient à l'import-export via Fnayer Transport, «un service de transport disponible de la ville de Québec et Montréal vers le Maroc et en provenance du Maroc avec une compagnie légale enregistrée au Canada et avec un bureau de représentation enregistré au Maroc», lit-on dans le descriptif publié sur les pages jaunes, sans jamais connaître la raison sociale réelle de l'entreprise québécoise (si elle existe…), ni celle du bureau de représentation dans le royaume. D'autant que le couple n'a fondé aucune société ayant l'import-export comme objet social. S'agit-il de l'entreprise Services Pro-Impex Inc., dont Naima Diyane a été coadministratrice ? La société n'a été constituée qu'en septembre 2016, alors que Fnayer Transport totalisait déjà trois semestres d'activité…
Toujours est-il qu'à travers un transitaire nommé Jawad Z.,Fnayer Transport semble surtout avoir servi à organiser des expéditions du Canada vers le Maroc en contournant les contrôles des douanes. Les colis étaient acheminés à un entrepôt de Aïn Sebaâ. Le couple a brièvement nourri l'ambition d'étendre les activités de Fnayer Transport aux Etats-Unis, mais l'aventure a tourné court.
À la même période, sur Twitter, il mendiait l'organisation Human Rights Watch pour un poste d'observateur à Montréal, sans réponse de leur part. Il indique pourtant sur son LinkedIn faire partie de l'organisation, et ce, depuis 2015.
L'élan de 2016 se poursuit l'année suivante. En mai 2017 cependant, Hicham Jerando est immobilisé : une mauvaise chute entraîne une fracture de la jambe gauche et le cloue au sol pour quelques semaines. En 2018, il entame le processus d'enregistrement de sa marque commerciale, qui se prolonge de cinq ans pour cause d'illettrisme : il répondait à côté aux correspondances de l'Office de la propriété intellectuelle du Canada.
En 2023, il tient enfin sa marque. Il écoule des costumes confectionnés à vil prix en Turquie, et revendus à tarif rajusté au pouvoir d'achat à Montréal, dont la qualité douteuse lui a déjà valu des réclamations. Le 3 août 2023, une mise en demeure adressée à sa société 13458555 Canada Inc. est même déposée par un client insatisfait, par le biais de l'Office de protection du consommateur.
Objectif 2019 : devenir citoyen fictif d'un Etat fictif
En 2019, Jerando est de nouveau repris par la fièvre des causes perdues et des luttes qui commencent par abracadabra. Il essaie de jouer un rôle auprès de l'Etat fictif d'Al-Jabal al-Asfar, une micro-nation proclamée sur le désert de Bir Tawil, terra nullius poudreuse et caillouteuse située à la frontière entre l'Egypte et le Soudan. Cette hamada désertique, où ne poussent pas même des chameaux, avait par le passé été revendiquée par un fermier américain, Jeremiah Heaton, qui a ensuite vendu les droits documentaires à Disney. On peut difficilement imaginer plus crédible.
Les tweets auxquels Hicham Jerando a répondu ont depuis disparu en raison de la suppression du compte de Nadira Nassif, soi-disant ministre d'Al-Jabal al-Asfar. On en trouve cependant trace sur l'Internet Archive : il se disait disposé à aider, prétendait détenir une importante expérience, de précieuses connexions en Amérique du Nord. Dans une autre réponse, Hicham Jerando proclamait ouvertement sa volonté de porter allégeance à l'Etat théorique d'Al-Jabal al-Asfar. Plus loin, il prétendait pouvoir régler le problème de la déscolarisation de 7.1 millions d'enfants réfugiés...
Lien vers le tweet archivé : https://web.archive.org/web/20190924080438/https://twitter.com/hjerando/status/1170853031426084864
Lien vers le tweet archivé : https://web.archive.org/web/20200307050106/https://twitter.com/hjerando/status/1236140903942799360
Lien vers le tweet archivé : https://web.archive.org/web/20190924080157/https://twitter.com/hjerando/status/1170852655117361152
Nul ne donne suite à ses insistantes demandes, ses offres répétées et ses propositions. Le voici donc ghosté par un pays fantôme.


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