Une violente déflagration incendiaire s'est déclarée à l'aube du samedi 22 février dans le marché de proximité de Bni Makada, à Tanger, ravageant l'essentiel des étals et infligeant des pertes considérables aux commerçants. Le sinistre, dont l'origine demeure indéterminée à ce stade de l'enquête, a mobilisé d'importants moyens d'intervention avant d'être finalement circonscrit après plusieurs heures de lutte acharnée. Un foyer d'une rare intensité et une propagation fulgurante Les premières analyses indiquent que «le feu s'est propagé à une vitesse vertigineuse en raison de la forte concentration de matériaux hautement inflammables, notamment des textiles synthétiques, des emballages en carton et des structures en bois léger», selon des témoins directs. L'agencement dense des échoppes, l'absence de dispositifs anti-feu conformes aux normes en vigueur et les conditions météorologiques – notamment un vent modéré soufflant du nord-est – ont favorisé l'embrasement généralisé du site. D'épaisses colonnes de fumée noirâtre se sont élevées au-dessus de la ville, ce qui a rendu l'intervention des sapeurs-pompiers particulièrement complexe. «Ces derniers ont dû déployer plusieurs unités spécialisées, dont des véhicules à haute capacité de refoulement et des canons extincteurs afin de maîtriser les foyers les plus récalcitrants», selon la même source. Malgré la mise en place de pare-feu d'urgence, plusieurs rangées d'échoppes ont été totalement anéanties avant que le sinistre ne soit finalement contenu. Un choc économique pour les commerçants à l'approche du ramadan D'après les premières expertises, les pertes financières s'élèvent à plusieurs dizaines de millions de dirhams, une estimation susceptible d'être réévaluée à la hausse après inventaire des stocks détruits. Une grande partie des marchands avaient récemment constitué des réserves substantielles en prévision de la hausse saisonnière de la demande, typique du mois de ramadan. «Nombre d'entre eux, déjà lourdement endettés auprès de fournisseurs, se retrouvent aujourd'hui en situation de détresse absolue, sans garantie d'indemnisation immédiate. Le marché n'étant pas équipé d'un système de couverture assurantielle collective, les recours juridiques s'annoncent incertains et potentiellement longs», a-t-on appris. Interrogations sur la sécurité des infrastructures Cet incendie intervient moins d'une semaine après la destruction d'une usine de chaussures plastiques dans la zone industrielle d'Al-Majd, située à quelques kilomètres du site dévasté. Cette succession de sinistres met en lumière les lacunes criantes en matière de sécurité incendie, notamment l'absence de dispositifs de détection précoce et le déficit manifeste en points d'accès pour les secours. Selon nos informations, la municipalité et le conseil communal sont désormais sous le feu des projecteurs. «L'opinion publique attend une réaction proportionnée à la gravité des événements : un soutien financier d'urgence, des mesures de prévention décuplées et une redéfinition des normes de sécurité applicables aux espaces commerciaux vulnérables», insistent des acteurs civils de la ville.