Les importations marocaines d'acide sulfurique ont culminé à 2,01 millions de tonnes en 2024, un niveau inédit depuis trois ans, selon les données des douanes. Cette progression résulte de la mise en service de deux nouvelles unités de combustion du soufre sur la plate-forme industrielle de Jorf Lasfar, ce qui a entraîné une hausse significative des besoins en cet intrant stratégique. L'augmentation des achats d'acide sulfurique reflète également la fermeté de la demande en engrais phosphatés transformés, portée par les besoins soutenus des principaux marchés de destination. Pour répondre à cette exigence, les approvisionnements en matières premières essentielles, notamment en acide sulfurique, se sont décuplés. Près de 50 % des volumes importés ont été fournis par la Chine et par divers pays de la région Méditerranée-Mer Noire, ces derniers ayant expédié des quantités record vers le Maroc. La Chine a livré 424 000 tonnes d'acide sulfurique en 2024, un volume quasi stable par rapport à 2023, mais représentant à peine la moitié des niveaux enregistrés en 2021 et 2022. L'Italie s'est imposée comme un fournisseur clé, avec 264 000 tonnes livrées, un niveau sans précédent qui contraste avec les 19 000 tonnes expédiées l'année précédente. Une partie de ces volumes serait adossée à un contrat d'approvisionnement de long terme. De son côté, la Bulgarie a vu ses exportations vers le Maroc bondir à 227 000 tonnes, contre 19 000 tonnes en 2023, tandis que la Turquie a expédié 207 400 tonnes, en forte hausse par rapport aux 37 000 tonnes livrées l'année précédente. L'Espagne a également renforcé sa présence, avec 198 000 tonnes exportées en 2024, soit son plus haut niveau d'expédition depuis 2021, avant la suspension des achats marocains d'acide sulfurique. Les livraisons en provenance des pays d'Europe du Nord-Ouest ont atteint environ 430 000 tonnes, plus du double des volumes enregistrés l'année précédente. Toutefois, ce mouvement devrait connaître un infléchissement en 2025. L'achèvement du dernier brûleur de soufre récemment mis en service privilégiera l'usage du soufre brut au détriment de l'acide sulfurique, réduisant les importations annuelles de ce dernier à une fourchette estimée entre 1 et 1,1 million de tonnes.