Le Maroc a connu, au cours de l'année écoulée, une progression inédite de sa puissance installée dans la filière éolienne, laquelle atteint désormais 2 368 mégawatts, contre 1 898 mégawatts recensés à la fin de 2023, d'après des données compilées par plusieurs observatoires spécialisés américains. Cet accroissement, chiffré à 520 mégawatts pour la seule année 2024, représente une augmentation annuelle de plus de 372 % par rapport aux ajouts de 2023, établis à 110 mégawatts. Il en résulte une élévation sensible de la part du vent dans le bouquet électrique national, désormais établie à 21,23 %, contre 15,4 % un an auparavant. Ce basculement consacre pour la première fois l'ascendant de l'éolien sur l'hydroélectricité, jusqu'alors principale source renouvelable du pays. Mise en service de deux parcs majeurs Parmi les projets récemment mis en exploitation figurent deux ouvrages industriels de grande ampleur : le parc éolien d'Aftissat II, doté d'une capacité de 200 mégawatts, et le parc de Boujdour, culminant à 318 mégawatts. En revanche, la station historique de Koudia Al Baïda — première infrastructure de ce type sur le continent — demeure en attente de sa mise en service commerciale. Bien que les opérations de modernisation soient achevées depuis plus d'un an, des dissensions contractuelles opposant Siemens Gamesa à la société Koudia Al Baïda de l'énergie continuent d'entraver sa pleine intégration au réseau. Une phase expérimentale a toutefois été entamée au mois de mars 2024. Plus du quart des ajouts régionaux Selon le Conseil mondial de l'énergie éolienne (GWEC), les installations réalisées sur le sol marocain en 2024 concentrent 26,2 % du total des ajouts enregistrés à l'échelle de la région Moyen-Orient et Afrique, dont le cumul annuel s'élève à 1 981 mégawatts. Le Maroc s'illustre ainsi comme l'un des rares Etats du continent à avoir contribué de manière significative à l'essor des énergies du vent au sud de la Méditerranée. Une trajectoire anticipant les objectifs de 2030 À l'horizon 2030, le Maroc œuvre à faire croître la part des énergies renouvelables à 52 % de son mix électrique. Les dernières tendances laissent penser que cette cible pourrait être atteinte avant l'échéance initialement fixée. Pour l'année 2024, la capacité cumulée des filières renouvelables a franchi le seuil de 4 370 mégawatts, selon les estimations de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena). Vent en tête, charbon en retrait relatif La répartition actuelle du bouquet national fait apparaître une part de 26,4 % pour les énergies renouvelables, contre un peu plus de 58 % pour le charbon, qui demeure la source prédominante. Le vent domine désormais l'ensemble des ressources propres, surpassant l'hydroélectricité, dont la capacité plafonne à 2 120 mégawatts, ainsi que le solaire, qui affiche une puissance installée de 934 mégawatts. Sur les quatre dernières années, la trajectoire des nouvelles capacités raccordées témoigne d'un essor progressif mais soutenu : 197 mégawatts en 2021, 276 en 2022, 110 en 2023, avant l'envol remarquable de 2024. Ce mouvement témoigne d'une volonté affirmée de mise en valeur des ressources éoliennes nationales, portée par une continuité politique, une expertise technique appuyée et un recours croissant à des mécanismes de financement adaptés.