Propulsée par un basculement géopolitique entériné par Washington et relayé par Paris et Madrid, la région du Sahara connaît une reconfiguration économique sans précédent. Le royaume y déploie une stratégie territoriale d'envergure, articulée autour d'infrastructures portuaires, d'investissements croissants et d'un essor touristique marqué. La reconnaissance par le président américain Donald Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara en 2020 a amorcé une transformation profonde de cette région en pleine ébullition. Selon Bloomberg, cette décision a «aidé à déclencher une frénésie de développement dans ce territoire», aujourd'hui au centre d'une grande reconfiguration économique. Porté par le retour de M. Trump au pouvoir en janvier, mais également par le ralliement explicite de la France et de l'Espagne à la position américaine, le projet de port atlantique de Dakhla — initialement évalué à 1,2 milliard de dollars — bénéficie désormais d'un programme d'investissements portés à 10 milliards de dollars, selon les estimations rapportées par Bloomberg. Cet aménagement œuvre à transformer la région en un point d'arrimage commercial à l'échelle continentale et transocéanique. L'activité touristique évolue elle aussi à vive allure. Bloomberg note que «le tourisme se développe, avec plus de liaisons aériennes, des hôtels plus vastes et un nouvel aéroport en projet.» Ces aménagements signalent une volonté politique de longue haleine : faire de cette région un pôle d'attraction économique et logistique durable. L'or en Afrique : manne providentielle pour des économies exsangues Alors que la politique commerciale américaine provoque des turbulences sur les marchés mondiaux, le cours de l'or poursuit son ascension, offrant un sursis inespéré à plusieurs Etats africains en grave difficulté de trésorerie. Depuis le retour de Donald Trump, le métal précieux a vu sa valeur progresser de près d'un quart, consolidant son statut de valeur refuge. Selon Bloomberg, «au Zimbabwe, plongé dans une crise économique depuis un quart de siècle, la production d'or a bondi de 61 % en avril sur un an, portée par l'afflux de petits creuseurs artisanaux, dont la production a plus que doublé». La monétisation de cette extraction accrue s'est traduite par une envolée des recettes d'exportation. Le Ghana, quant à lui, a vu ses recettes aurifères progresser de 60 % au cours des deux premiers mois de l'année, malgré une situation budgétaire précaire. Sa banque centrale a accru ses réserves en or, une mesure qui a contribué à stabiliser le cedi, classé par Bloomberg comme «la monnaie la plus performante face au dollar depuis début avril». La Namibie accroît elle aussi ses réserves d'or, tandis que le gouvernement du Zimbabwe relance la frappe de pièces en or. M. Wellington Takavarasha, qui dirige une organisation représentant 700 000 mineurs artisanaux zimbabwéens, a déclaré que cette trajectoire servait «l'intérêt supérieur du pays» et qu'il fallait «tirer parti de cette envolée». Des retombées inégales et des tensions sur le terrain Toutefois, les retombées de cette embellie aurifère demeurent inégalement réparties. Au Mali, la plus grande mine d'or du pays demeure à l'arrêt depuis janvier, en raison d'un différend fiscal opposant le pouvoir à la société Barrick Mining. Au Ghana, les projets des groupes AngloGold Ashanti et Gold Fields se heurtent à des refus d'autorisation. Dans l'est du Congo-Kinshasa, région marquée par des décennies de conflits, l'envolée des cours provoque au contraire une recrudescence des violences. Selon Bloomberg, «des groupes armés étendent leur emprise sur les gisements aurifères de la région, tandis que l'insécurité pousse les agriculteurs à délaisser leurs terres pour s'aventurer dans des galeries clandestines». Là où le métal jaune devait offrir une échappée économique, il exacerbe les lignes de fracture locales.