La France a convoqué le chargé d'affaires de l'ambassade d'Algérie à Paris pour lui signifier sa ferme réprobation à l'égard de la décision «injustifiée et injustifiable» prise par Alger d'expulser plusieurs agents publics français, a fait savoir mercredi le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. À cette mesure jugée «arbitraire», Paris a opposé une réponse jugée «immédiate, ferme et strictement proportionnée.» Selon le locataire du Quai d'Orsay, les autorités françaises ont décidé de renvoyer, à leur tour, l'ensemble des agents algériens titulaires de passeports diplomatiques et actuellement dépourvus de visa. «La réciprocité la plus élémentaire commande cette décision. Les Algériens ont souhaité renvoyer nos agents. Nous renvoyons les leurs», a déclaré M. Barrot sur la chaîne BFMTV, sans en préciser le nombre exact. La convocation du chargé d'affaires algérien, intervenue mardi, s'est accompagnée d'un avertissement clair : «Nous nous réservons la faculté de prendre d'autres mesures, en fonction de l'évolution de la situation», a-t-il ajouté. Rupture bilatérale et dévoiement des accords Cette nouvelle joute diplomatique s'inscrit dans une détérioration continue des relations entre les deux rives de la Méditerranée. Le 12 avril, Alger avait déjà expulsé douze fonctionnaires français affectés à des missions temporaires, provoquant en retour des mesures symétriques de la part de Paris. Depuis lors, le dialogue demeure «totalement gelé», selon les mots mêmes du chef de la diplomatie française. Dimanche, le ministère algérien des Affaires étrangères avait, à son tour, convoqué le chargé d'affaires de l'ambassade de France à Alger, lui notifiant l'expulsion de nouveaux agents français. L'agence de presse algérienne (APS) avait indiqué que ces fonctionnaires avaient été déployés dans des «conditions irrégulières», sans autre précision. La France dénonce pour sa part une violation manifeste de l'accord bilatéral signé en 2013, lequel encadre les conditions d'accès au territoire algérien pour les agents publics français détenteurs de passeports officiels. «Ces décisions contreviennent aux engagements juridiques qui régissent nos relations. Elles nuisent non seulement aux intérêts français, mais aussi à ceux du peuple algérien», a encore estimé M. Barrot. Dans une atmosphère alourdie par les malentendus et les ressentiments historiques, la France et l'Algérie s'éloignent inexorablement l'une de l'autre, au détriment d'une relation autrefois nourrie de promesses et de dépendances mutuelles. Aucun calendrier de réouverture du dialogue n'a été esquissé à ce jour.