Le 28 avril, au palais royal de Rabat, le roi Mohammed VI accueillait les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger, membres centraux de l'Alliance des Etats du Sahel (AES). Cette rencontre, lourde de symboles, incarne la volonté marocaine de s'imposer comme un partenaire de premier plan pour les Etats sahéliens enclavés. À travers l'«initiative Afrique atlantique», lancée en 2023, le royaume offre à ces pays un accès maritime vital via les ports de Tanger Med et du futur Dakhla Atlantique. Plus qu'une simple coopération logistique, cette démarche renouvelle des liens historiques et culturels pour bâtir un cadre de coopération fondé sur la patience, la confiance et la co-construction. Dans une époque marquée par l'érosion des repères géopolitiques et la résurgence des rivalités d'hégémonie, un pays redessine, sans fracas ni tapage, les lignes de force diplomatiques en Afrique de l'Ouest. Ce pays, c'est le Maroc. Sous la conduite du roi Mohammed VI, le royaume déploie une stratégie d'influence fondée non sur la démonstration de puissance, mais sur l'endurance, la confiance et la mémoire partagée, affirme le site de référence Modern Diplomacy dans une analyse fouillée. Le 28 avril 2025, dans l'intimité solennelle du Palais royal de Rabat, le souverain recevait les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger — membres centraux de l'Alliance des Etats du Sahel (AES). «Ce moment fut empreint d'une solennité rare», confiait à la même source un conseiller marocain, soulignant l'importance de cette rencontre dans le dessein plus vaste porté par le souverain chérifien depuis 2023 : la construction d'un pont maritime entre le Maroc et ces pays enclavés, à travers l'«initiative Afrique atlantique», qui met à disposition des Etats sahéliens les infrastructures portuaires de Tanger Med et du futur Dakhla Atlantique. Une diplomatie de l'architecture Il ne s'agit pas d'un simple programme portuaire. «C'est l'initiative d'origine africaine la plus cohérente depuis une décennie», affirmait un diplomate européen en poste à Rabat, «et elle est affranchie des conditionnalités idéologiques qui minent tant d'autres partenariats.» Cette entreprise repose sur une logique propre au Maroc : non pas imposer, mais tisser. Non pas séduire, mais offrir des passerelles durables. Pas de bases militaires, pas de chantage, aucune déclaration tonitruante — mais une diplomatie de la patience, du transport, de la formation et du compagnonnage institutionnel. Le Maroc ne cherche pas à créer une influence ex nihilo. Il la réactive. Des routes caravanières aux confréries soufies, les attaches avec le Sahel sont anciennes. Rabat n'invente pas une relation ; il la ressuscite. «Le roi ne cherche pas à donner des ordres. Il souhaite proposer des solutions», rapporte un haut responsable marocain. Le projet de connexion entre les Etats enclavés de l'AES et l'Atlantique s'appuie sur deux infrastructures majeures : le port de Tanger Med, fleuron maritime du royaume, et le futur port de Dakhla Atlantique, dont l'achèvement est annoncé comme imminent. Ces deux hubs doivent offrir au Burkina Faso, au Mali et au Niger un débouché maritime fiable, souverain et affranchi des vulnérabilités régionales. Le Maroc, interlocuteur discret des puissances et des isolés La méthode marocaine, fondée sur la sobriété du geste, commence à produire des effets concrets, rappelle Modern Diplomacy. Fin 2024, Rabat joua un rôle discret mais déterminant dans la libération de quatre otages français au Burkina Faso, une réussite reconnue dans les milieux du renseignement européen. La neutralité du royaume, respectée de part et d'autre des clivages idéologiques, lui confère un statut d'interlocuteur crédible là où d'autres chancelleries butent sur l'impasse. Pour les membres de l'AES — isolés après leur retrait collectif de la Cedeao et frappés par des sanctions internationales — Rabat représente plus qu'un simple point d'accès logistique. Il incarne une forme de reconnaissance politique et la promesse d'une réinsertion économique aux conditions du Sahel lui-même. «Nous avons été profondément touchés par la connaissance que Sa Majesté a de notre région et par sa volonté de co-construire un partenariat nouveau», confiait Karamoko Jean-Marie Traoré, ministre burkinabè des affaires étrangères. Les dividendes escomptés sont majeurs : accroissement des échanges commerciaux, renforcement du soutien politique à la position marocaine sur le Sahara, et affirmation d'une vocation du royaume comme passerelle entre l'Afrique et le monde atlantique. À une époque où se creuse le désengagement occidental tandis que s'accélèrent les recompositions africaines, la diplomatie discrète du Maroc s'impose comme un modèle de pérennité, alors que l'Algérie, elle, s'enfonce dans le déni et dans l'isolement.