Le ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, a déclaré mardi 20 mai que le Maroc, fort de sa responsabilité historique et de sa présidence du Comité Al-Qods, considère la solution à deux Etats comme la clef de voûte indispensable à l'établissement d'une paix équitable et à la restauration de la stabilité régionale. Une conviction forgée dans la constance diplomatique S'exprimant à l'ouverture de la cinquième réunion de l'Alliance globale pour la mise en œuvre de la solution à deux Etats, coorganisée à Rabat avec les Pays-Bas, sur le thème «Maintenir la dynamique du processus de paix : leçons tirées, réussites et perspectives», M. Bourita a insisté sur le fait que cette formule politique «n'est ni une clause oratoire ni un artifice diplomatique, mais un engagement moral et une issue lucide, dictée par les réalités du terrain et la légitimité internationale.» «Dans cette équation, il n'y a point de perdants : les Palestiniens y recouvrent leur dignité et leur souveraineté ; les Israéliens, leur sécurité et leur reconnaissance ; et l'ensemble de la région, une promesse de développement partagé», a-t-il affirmé. Un choix historique scellé par la légalité internationale M. Bourita a rappelé que la solution à deux Etats, dans les frontières du 4 juin 1967 avec Al-Qods-Est pour capitale de l'Etat palestinien, «demeure la seule boussole viable pour un règlement pacifique du conflit, dont la centralité n'a jamais été remise en cause, en dépit de l'érosion du processus de négociation et des flambées récurrentes de violence.» Il a souligné que «ceux qui s'opposent à cette solution sont précisément ceux qui tirent profit de la perpétuation de la discorde : les extrémistes de tous bords et les démagogues qui, sous couvert de solidarité, se gardent bien d'apporter une aide véritable au peuple palestinien.» La voie royale de la diplomatie patiente Le ministre a tenu à rendre hommage à la constance de l'engagement marocain, poursuivi avec discernement depuis le règne de feu Hassan II jusqu'à celui de Mohammed VI, président du Comité Al-Qods. «Notre diplomatie ne s'est jamais départie de son cap. Elle œuvre, souvent dans la discrétion, mais toujours avec efficacité, pour préserver les chances d'une paix possible», a-t-il rappelé. Il a évoqué, dans ce sens, les principes énoncés par le souverain dans son allocution au dernier Sommet arabe de Bagdad : cessation immédiate des hostilités dans la bande de Gaza, arrêt des démolitions et déplacements forcés en Cisjordanie, facilitation sans entrave de l'acheminement de l'aide humanitaire, soutien accru à l'Unrwa et lancement d'un plan structuré de reconstruction sous l'égide de l'Autorité palestinienne. Trois piliers pour refonder le processus de paix L'Alliance globale, dont le Maroc est un acteur clé, repose, selon M. Bourita, sur trois orientations fondamentales. La première consiste à tirer enseignement des accords de paix antérieurs, «non pour ruminer les échecs, mais pour témoigner que la paix, pour peu qu'elle soit sérieusement recherchée, n'est pas une illusion.» Le second axe vise à appuyer l'Autorité nationale palestinienne (A.N.P.), dirigée par Mahmoud Abbas, considérée comme «le seul partenaire légitime dans cette entreprise politique.» À cet égard, le ministre a précisé que «le renforcement de ses capacités institutionnelles ne saurait être un préalable à la reconnaissance de l'Etat palestinien, car la souveraineté d'un peuple ne s'assortit pas de conditions.» Enfin, le troisième axe s'attache à intégrer la dimension économique au processus de paix. «Il ne saurait y avoir de paix durable sans base matérielle. Une économie de la paix peut ouvrir la voie à des coopérations concrètes et créer un tissu d'intérêts partagés», a souligné M. Bourita, en mentionnant le rôle central que joue depuis des années l'Agence Bayt Mal Al-Qods dans le soutien aux structures économiques palestiniennes, conformément aux hautes orientations royales. «Mais qu'on ne s'y trompe pas : aucune assistance économique, aussi généreuse soit-elle, ne peut se substituer à un règlement politique. Nous ne voulons pas d'anesthésies ponctuelles, mais une solution structurelle», a-t-il prévenu. Un message d'espérance au cœur du tumulte Le ministre a salué les efforts conjoints de l'Arabie saoudite, de la Norvège et de l'Union européenne dans le cadre de cette Alliance, tout en exprimant l'appui du Maroc à la coprésidence franco-saoudienne de la conférence de haut niveau sur la question palestinienne, prévue le mois prochain à New York. La réunion de Rabat, a-t-il conclu, «n'est pas un simple exercice diplomatique, mais un signal adressé aux peuples de la région : celui d'un engagement collectif à faire émerger, dans la rigueur et la clarté, une paix tangible, adossée à la seule option qui vaille — celle de deux Etats vivant côte à côte, dans la reconnaissance mutuelle et la dignité retrouvée.»