Le gouvernement marocain s'apprête à mettre en œuvre un dispositif structurant destiné aux éleveurs de bétail, conçu pour préserver le cheptel national et soutenir la subsistance du monde rural. Cette annonce a été faite, jeudi, par le ministre de l'agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Ahmed El Bouari, à l'issue du conseil de gouvernement. Le programme, décliné en cinq volets, comprend la réorganisation des dettes agricoles, une assistance directe pour l'alimentation du bétail, l'identification des femelles reproductrices, une campagne sanitaire préventive et un encadrement technique pour l'amélioration des rendements. Ahmed El Bouari a souligné que «sa majesté le roi Mohammed VI a donné Ses Hautes Instructions afin que l'opération de reconstitution du cheptel soit menée avec rigueur, professionnalisme et selon des critères objectifs, sous la supervision effective des autorités locales.» Une circulaire conjointe définira les responsabilités précises des différents intervenants. Le premier volet prévoit la restructuration des dettes pesant sur près de 50 000 éleveurs, avec un budget alloué de 700 millions de dirhams, intégralement financé par le trésor public. La moitié des créances inférieures à 100 000 dirhams (capital et intérêts) sera annulée, au bénéfice prioritaire des petits éleveurs, qui représentent 75 % des bénéficiaires. En ce qui concerne les dettes comprises entre 100 000 et 200 000 dirhams, 25 % de leur montant seront abandonnés, touchant 11 % des ayants droit. Les dettes supérieures à ce seuil seront rééchelonnées, avec suppression des intérêts de retard. Le second pilier porte sur le soutien à l'alimentation animale, moyennant une dotation de 2,5 milliards de dirhams. Il inclut une subvention sur l'orge plafonnée à 7 millions de quintaux, ramenant le prix de vente du kilogramme à 1,5 dirham. Un soutien équivalent concernera les aliments composés pour ovins et caprins, afin d'atteindre un prix de 2 dirhams le kilogramme. Le troisième volet introduit une campagne nationale d'identification des femelles reproductrices. «Il s'agit d'interdire leur abattage afin de préserver le potentiel reproductif du cheptel et d'atteindre un effectif de plus de 8 millions de brebis et de chèvres d'ici mai 2026», a précisé Ahmed El Bouari. Une aide directe de 400 dirhams par tête identifiée et maintenue en élevage sera versée aux éleveurs concernés. Le quatrième pilier consiste en une campagne préventive de soins vétérinaires pour 17 millions de têtes, visant à les prémunir contre les pathologies aggravées par la sécheresse. Cette opération est dotée d'un budget de 150 millions de dirhams. Enfin, le cinquième axe du programme s'attache à la valorisation génétique du bétail à travers la mise en place de centres d'insémination artificielle et un accompagnement technique ciblé. Une enveloppe de 50 millions de dirhams y sera consacrée. Ahmed El Bouari a conclu que «le coût total de l'ensemble des mesures prévues s'élèvera à près de trois milliards de dirhams d'ici à la fin de l'année 2025, auxquels viendront s'ajouter 3,2 milliards de dirhams supplémentaires en 2026, spécifiquement affectés à l'aide aux éleveurs s'engageant dans la sauvegarde des femelles reproductrices.»