Le Mauritanien Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque africaine de développement (BAD) à l'issue d'un scrutin tranché en trois tours, recueillant 76,18 % des voix face au Zambien Samuel Maimbo (20,26 %) et au Sénégalais Amadou Hott (3,55 %). Il succède au Nigérian Akinwumi Adesina, après dix années de mandat. Le Tchadien Mahamat Abbas Tolli et la Sud-Africaine Swazi Tshabalala ont été successivement écartés dès les premières phases de l'élection, recueillant respectivement 0,88 % et 5,9 % des suffrages. Dès le second tour, le candidat mauritanien avait rallié la majorité qualifiée des actionnaires africains, préfigurant une victoire sans appel. Dernier à entrer en lice, l'ancien ministre de l'économie et des finances mauritanien a su tirer avantage de l'exposition diplomatique de Nouakchott, appuyée par la présidence tournante de l'Union africaine assurée en 2024 par Mohammed Ould Ghazouani. Son élection est également imputable au soutien décisif de plusieurs Etats de la Ligue arabe, dont le ralliement a été facilité par les liens anciens qu'il entretient avec les réseaux financiers du Golfe. À la tête depuis 2015 de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), Sidi Ould Tah s'est forgé une réputation d'administrateur rigoureux. Sous sa conduite, l'institution, capitalisée par les pays arabes, a enregistré une progression inédite. Le nouveau président prendra officiellement ses fonctions le 1er septembre. En attendant, son équipe amorcera dès demain une transition opérationnelle au sein du siège de la BAD à Abidjan. Il hérite d'une institution en excellente santé : en 2024, la BAD a approuvé pour près de 10,6 milliards d'euros de projets et décaissé 6,4 milliards, en hausse de 15 % par rapport à 2023. Son résultat net a atteint 310 millions d'euros. Labellisée AAA par les principales agences, la banque jouit d'un accès privilégié aux marchés internationaux. Sous la présidence d'Akinwumi Adesina, son capital autorisé est passé de 93 à 318 milliards de dollars, un accroissement sans précédent. Sidi Ould Tah prendra la direction de la BAD alors qu'une nouvelle stratégie décennale (2024-2033) vient d'être adoptée, articulée autour des High 5 impulsés par son prédécesseur : nourrir l'Afrique, l'éclairer, l'intégrer, l'industrialiser et en améliorer la qualité de vie.