Le Maroc conforte son assise continentale par la vigueur de ses institutions financières, la puissance de ses infrastructures logistiques et la profondeur de ses réserves stratégiques, révèle le rapport 2025 sur l'état des infrastructures en Afrique publié par l'Africa Finance Corporation (AFC), consulté par Barlamane.com samedi 7 juin. La plate-forme portuaire de Tanger Med se classe au (4e) rang mondial en matière de performance logistique, dépassant de loin Port-Saïd en Egypte (16e), Durban en Afrique du Sud (47e) et Lomé au Togo (22e). Ce positionnement, selon l'AFC, traduit une excellence opérationnelle rarement égalée dans les échanges maritimes mondiaux. «La performance de Tanger Med illustre ce qu'un investissement logistique mûrement articulé peut produire à l'échelle intercontinentale», observe le rapport. Sur le plan financier, le Maroc exerce une influence prépondérante à travers deux institutions publiques majeures. La Caisse de Dépôt et de Gestion concentre, à elle seule, 85 % des actifs des cinq caisses de dépôts africaines dont les données sont disponibles, pour un total régional supérieur à 42 milliards de dollars . De son côté, le groupe Crédit Agricole du Maroc figure parmi les six banques de développement du continent qui détiennent 70 % des 250 milliards de dollars d'actifs gérés par l'ensemble des institutions homologues. Le rapport souligne également le rôle central du Maroc dans l'économie des ressources. Le pays détient plus de 70 % des réserves mondiales de phosphate, essentiel aux chaînes agroalimentaires, notamment en Afrique de l'Ouest et en Asie. Pourtant, bien que le royaume possède aussi des gisements de potasse, aucune mine n'est aujourd'hui en exploitation sur son sol, ce qui contraint l'Afrique à recourir à l'importation pour cet élément fondamental des engrais chimiques. Dans le domaine ferroviaire, le Maroc est cité pour avoir inauguré la première ligne à grande vitesse du continent, reliant Tanger à Kénitra. Ce projet, l'un des rares du genre réalisés en Afrique au cours de la dernière décennie, contraste avec la faiblesse générale de l'investissement ferroviaire dans les Etats subsahariens, où le kilométrage disponible par million d'habitants demeure inférieur à 50. Sur le plan numérique, le pays s'impose comme un pôle émergent. Une filiale d'Oracle prépare le premier service infonuagique de type hyperscale en Afrique du Nord, tandis que de nouveaux centres de données certifiés Tier III et IV sont en construction dans le royaume, répondant aux besoins croissants des opérateurs de télécommunications, des fournisseurs de services bancaires et des entreprises de la finance numérique. Quant aux flux financiers transnationaux, le Maroc se situe parmi les trois premiers pays africains bénéficiaires des transferts de fonds de la diaspora, aux côtés de l'Egypte et du Nigeria. En 2024, ces envois ont dépassé 95 milliards de dollars à l'échelle continentale, illustrant leur rôle stabilisateur et leur potentiel en tant que ressource d'investissement domestique. Enfin, dans le secteur de l'énergie, le Maroc a amorcé la conversion progressive de ses centrales thermiques au gaz, aux côtés du Sénégal et de l'Afrique du Sud. Cette orientation vise à garantir une charge de base compatible avec l'expansion des énergies renouvelables intermittentes, tout en réduisant la dépendance au charbon ou au fioul lourd. À travers ces leviers – infrastructures portuaires de rang mondial, institutions financières robustes, transition énergétique anticipée et positionnement numérique affirmé –, le Maroc s'érige en acteur cardinal d'un continent en recomposition, reconnaît le même document.