Le Maroc a reçu au cours des quatre premiers mois de l'année 1 429 tonnes de viande bovine en provenance des Etats-Unis, soit près de trois fois plus qu'à la même période de l'an passé (+199 %), selon les données publiées par le Département de l'agriculture des Etats-Unis (USDA) et compilées par la Fédération américaine des exportations de viande (USMEF). Il s'agit du volume le plus élevé jamais enregistré pour le royaume chérifien. Une poussée marquée malgré la rétraction des exportations mondiales Alors que les exportations totales de viande bovine américaine ont reculé de 10 % en avril par rapport à l'an dernier, atteignant 100 659 tonnes métriques, le Maroc figure parmi les rares marchés à afficher une progression nette, en compagnie de la Côte d'Ivoire et du Gabon. L'ensemble des livraisons américaines vers l'Afrique, bien que modestes en volume comparé à l'Asie ou à l'Amérique latine, a crû de 18 % en avril, atteignant 1 107 tonnes, pour une valeur de 1,6 million de dollars (+17 %), principalement sous forme de pièces secondaires. Cette évolution tranche avec la chute abrupte des envois vers la Chine (−68 %, soit 5 326 tonnes), en raison du cumul de droits de douane punitifs — ayant atteint un pic de 147 % en avril avant de redescendre à 32 % le 14 mai — et de la non-reconduction des agréments sanitaires pour la majorité des établissements américains agréés, expirés à la mi-mars. Une demande en hausse portée par le secteur agroalimentaire marocain La croissance des importations marocaines, concentrées sur les viandes dites de variété, témoigne de la vitalité du tissu agroalimentaire local, avide de produits destinés à la transformation industrielle et à la distribution urbaine. Le Maroc, qui se distingue par une politique soutenue d'approvisionnement extérieur, affiche des besoins croissants en protéines animales à destination de ses centres urbains. L'USMEF, tout en exprimant son inquiétude face aux entraves chinoises, s'est dite «encouragée par la vigueur de certains marchés émergents, notamment en Afrique du Nord et en Amérique centrale», selon les termes de son président-directeur général, Dan Halstrom. Une redistribution partielle des flux en faveur de marchés alternatifs Face à l'érosion de certains débouchés asiatiques, les exportateurs américains ont accru leurs livraisons vers la Corée du Sud (23 460 tonnes, +18 %, pour une valeur de 216,4 millions de dollars, +16 %), l'Amérique centrale (2 113 tonnes, +18 %, dont 1 065 tonnes pour le seul Guatemala, +53 % en valeur à 18,2 millions de dollars), et la Colombie (447 tonnes, +128 %, pour 4,6 millions de dollars, +149 %). En Afrique, les volumes livrés à la Côte d'Ivoire ont atteint 1 716 tonnes (+210 %), tandis que le Gabon a absorbé 1 304 tonnes, son plus haut niveau depuis 2020. Pour la période de janvier à avril, les exportations américaines de viande bovine vers l'Afrique ont totalisé 4 765 tonnes, pour une valeur estimée à 7,4 millions de dollars, soit une progression de 30 % en valeur. À elles seules, les importations cumulées du Maroc (1 429 t), de la Côte d'Ivoire (1 716 t) et du Gabon (1 304 t) représentent plus de 90 % des flux continentaux. L'USMEF a déclaré poursuivre ses efforts d'ouverture commerciale vers des territoires jugés plus réceptifs aux produits américains, «dans un esprit de constance et de discernement», tout en surveillant étroitement l'évolution des discussions bilatérales sino-américaines.