Le site algérien Tout sur l'Algérie (TSA), souvent perçu comme le porte-voix officieux de certains cercles sécuritaires d'Alger, a annoncé samedi 14 juin avoir été la cible d'une attaque informatique. Selon un message publié sur sa page Facebook officielle, ses administrateurs affirment que le site a été rendu inaccessible dans l'après-midi, remplacé temporairement par une page affichant une revendication et un drapeau marocain. Le message de TSA, rédigé dans un français approximatif et qui trahit la précipitation de désigner un ennemi extérieur – le Maroc – que d'éclairer objectivement l'incident, indique : «Depuis le début d'après-midi de ce samedi 14 juin, notre site (www.tsa-algerie.com) est inaccessible après une attaque informatique. Sur la page d'accueil, les hackers ont posté une revendication, avec un drapeau marocain. Nous avons [identifié] rapidement cette intrusion malveillante et [travaillons] activement avec notre hébergeur pour résoudre le problème. Nous vous tiendrons au courant dès que le site sera [rétabli].» Une neutralité mise en doute L'ONG Reporters sans frontières (RSF), censée défendre l'impartialité et la liberté de la presse, a vu l'un de ses cadres régionaux s'engager publiquement aux côtés de TSA. Khaled Drareni, représentant de RSF pour l'Afrique du Nord, a ainsi commenté en un mot : «Solidaire», sans autre précision ni recul critique. Ce soutien lapidaire a aussitôt provoqué une volée de critiques sur les réseaux sociaux, certains internautes y voyant une confirmation de la collusion croissante entre RSF et les appareils idéologiques de certains Etats. Un commentaire cinglant s'adresse à Drareni en ces termes : «Bravo Si Khabarji, reconverti en Chayate, tu as vendu ton âme [aux] cabranates et tu as vendu "reporter sans frontières" pour un poste minable de propagandiste [stipendié].» Les termes utilisés, bien que virulents, révèlent un malaise de fond : celui d'une ONG autrefois respectée, désormais accusée de duplicité. TSA, un relais informel du pouvoir algérien Derrière son vernis de média indépendant, TSA est depuis des années accusé de relayer les éléments de langage des services algériens, notamment en matière de politique étrangère. Son traitement systématiquement hostile du Maroc, du Sahara ou encore de la coopération israélo-marocaine ainsi que son silence sur certaines violations internes, alimente les soupçons d'un alignement idéologique, voire d'un adossement financier. Le message publié s'inscrit dans cette logique de désignation immédiate d'un coupable extérieur, en l'occurrence le Maroc, sans attendre d'investigation technique indépendante. Contexte de rivalité larvée entre Rabat et Alger Les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues depuis août 2021. Dans ce climat de confrontation rampante, les actions de piratage – qu'elles soient authentiques ou mises en scène – deviennent des instruments narratifs. TSA, par sa promptitude à impliquer Rabat sans preuve technique disponible, se fait le relais d'un discours de victimisation nationale cher à certains pôles du régime algérien, en perte de vitesse.