Le recours au charbon pour la production d'électricité a poursuivi son reflux dans le monde arabe où une majorité d'Etats a désormais abandonné ou suspendu ses projets de centrales. Seul le Maroc maintient une exploitation active de cette source fossile, tout en réduisant progressivement sa contribution dans le bouquet énergétique national. Selon les données recueillies par l'Unité de recherches sur l'énergie (Energy Research Unit, ERU), entité éditoriale affiliée au site Attaqa.net et sise à Washington, les capacités supplémentaires de production électrique à base de charbon n'ont atteint que 44,1 gigawatts (GW) en 2024 à l'échelle mondiale, leur plus bas niveau depuis près de deux décennies. Parallèlement, 25,2 GW de capacités existantes ont été mises à l'arrêt au cours de la même année. Bien que la production mondiale d'électricité à partir de charbon ait légèrement progressé de 1,4 % en volume, sa part relative dans le mix électrique mondial est descendue à 34 %, confirmant une tendance au recul. Une part en déclin mais encore majoritaire dans le royaume Au Maroc, la production électrique à partir du charbon demeure en activité, mais elle connaît une contraction significative. La capacité installée issue de cette filière est restée stable à 4,09 GW. Toutefois, la production annuelle en 2024 s'est limitée à 26 térawattheures (TWh), contre 27,1 TWh en 2023. En conséquence, la part du charbon dans le mix électrique national a reculé à 59,3 %, son plus bas niveau depuis 2017. Cette évolution s'est accompagnée d'un essor manifeste de l'éolien, qui représente désormais 21,23 % du total. Par ailleurs, les autorités ont procédé à la fermeture de centrales au charbon d'une puissance cumulée de 165 mégawatts (MW) et à l'annulation de projets à hauteur de 1,67 GW, selon les relevés de l'ERU. L'abandon des projets charbonniers dans le monde arabe À l'instar du Maroc, d'autres Etats arabes ont abandonné leurs projets de production électrique au charbon au profit de sources renouvelables, notamment solaires et éoliennes. Depuis 2010, l'Egypte a supprimé des plans de construction représentant 15,24 GW. Elle leur a substitué d'importants programmes photovoltaïques et éoliens. Les Emirats arabes unis ont, quant à eux, fermé une centrale au charbon de 1,2 GW, et annulé des projets d'une capacité supplémentaire de 5,47 GW. Le pays figure désormais au quinzième rang mondial en matière de puissance solaire installée, avec une part de 0,7 %. Enfin, le sultanat d'Oman a mis fin à des projets de 1,2 GW, tandis que le Soudan a renoncé à la réalisation de 600 MW de capacité charbonnière. Ces orientations convergentes témoignent, selon les analystes, «d'une inflexion décisive dans la politique énergétique régionale, qui tend à privilégier des sources moins polluantes, plus résilientes et technologiquement maîtrisées.»