Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a recommandé, mercredi 18 juin dans la capitale marocaine, l'instauration d'un dispositif juridique régissant les formes d'emploi dites atypiques, à l'effet de concilier l'exigence de compétitivité des entreprises avec les principes du travail décent. Réuni pour présenter les conclusions de son avis intitulé «Les formes atypiques d'emploi et les relations professionnelles : nouveaux défis et opportunités émergentes», le Conseil a mis l'accent sur la nécessité de reconnaître juridiquement ces configurations professionnelles et d'y garantir les droits fondamentaux des travailleurs concernés, notamment l'accès à la formation continue. Il a également suggéré l'intégration de ces enjeux dans les thématiques du dialogue social, aussi bien au plan national que sectoriel, en vue d'élaborer des politiques publiques plus inclusives. L'avis appelle en outre à garantir aux travailleurs concernés le droit à la négociation collective avec leurs employeurs ou leurs représentants, à tous les niveaux, et à instituer des mécanismes d'observation réguliers accompagnés d'études prospectives. S'exprimant à cette occasion, le président du CESE, Abdelkader Amara, a souligné l'urgence de construire «un équilibre entre la compétitivité des entreprises et les droits des travailleurs». Selon lui, l'émergence de formes d'emploi nouvelles exige un environnement souple, propre à répondre aux exigences changeantes du marché tout en maintenant des garanties minimales pour les personnes concernées. «Si ces nouvelles formes de travail offrent des perspectives certaines, elles comportent aussi des risques non négligeables en matière de précarité, de protection sociale partielle ou inexistante, et d'atteinte aux droits sociaux fondamentaux», a-t-il averti. Mohamed Mostaghfir, membre du CESE, a pour sa part estimé que le développement de ces formes d'emploi peut constituer une opportunité pour le Royaume, notamment en matière d'emplois destinés aux jeunes et aux femmes, et de création de conditions de travail plus adaptables aux besoins contemporains de l'économie. À travers cette autosaisine, le CESE s'attache à observer les transformations du monde du travail, telles que le télétravail, l'emploi à temps partiel ou encore le recours aux plateformes numériques, qui prennent une place croissante dans les secteurs productifs et les services publics. Il s'agit, pour l'institution consultative, d'appréhender ces mutations afin d'en cerner les potentialités sans en négliger les déséquilibres. Le Conseil plaide ainsi pour une approche réglementaire proactive, soucieuse d'établir un socle de droits pour les travailleurs dits atypiques, tout en tenant compte de la diversité des formes d'emploi qui se développent en marge du salariat classique.