Du 17 au 20 juin, la présidence du ministère public a réuni à Casablanca puis à Marrakech cent vingt-quatre magistrats du parquet, juges de l'enfance et conseillers des mineurs, à l'occasion de deux sessions de formation consacrées à la justice applicable aux enfants en conflit avec la loi. Placées sous l'égide conjointe de la Présidence du ministère public et du Bureau des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les rencontres ont porté sur «les exigences d'une justice amie des enfants, entre approche réformiste et caractère exceptionnel de la privation de liberté, à la lumière du protocole territorial de prise en charge des enfants en situation de vulnérabilité». Les travaux ont été conduits par plusieurs magistrats en exercice issus tant du ministère public que des juridictions de jugement. Des ateliers thématiques ont permis d'aborder les fondements normatifs de la justice des mineurs, tant en droit interne que dans la jurisprudence internationale, notamment les arrêts rendus par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Outre l'étude des instruments juridiques pertinents, les participants ont examiné, dans une perspective comparative, les différents itinéraires de prise en charge des enfants, depuis la phase d'évaluation jusqu'à la réinsertion sociale, en prêtant une attention particulière aux alternatives à l'enfermement. Des cas pratiques et des analyses croisées ont servi d'appui aux échanges. À cette occasion, les intervenants ont mis en exergue les exigences pédagogiques propres à une justice spécialisée : «L'enfant justiciable doit être considéré non comme un délinquant en réduction, mais comme une personne en construction. Toute réponse judiciaire perd son sens si elle néglige la dimension éducative.» La clôture des travaux a été marquée par une présentation consacrée au rôle des cellules d'accueil des femmes et des enfants au sein des juridictions. Ces structures, selon les termes employés par un magistrat du parquet général, «constituent un rempart contre les dérives d'une justice indifférente et permettent, par leur vigilance, d'orienter les enfants vers les dispositifs d'accompagnement adaptés». Les deux sessions, tenues dans le cadre du déploiement territorial du protocole de protection des enfants vulnérables, s'appuient sur une doctrine judiciaire fondée sur trois piliers : la prise en charge, la réhabilitation et la réinsertion. Le ministère public rappelle, dans une note diffusée en marge des rencontres, que «la réponse pénale ne saurait se substituer à la responsabilité sociale. Elle doit au contraire la servir».