Fitch Ratings a révisé à la baisse son hypothèse de prix pour l'ammoniac en 2025, tandis qu'elle relève celles portant sur l'urée, la roche phosphatée, le DAP et la potasse pour 2025 et 2026, à la faveur de conditions de marché jugées plus favorables, selon des chiffres consultés par Barlamane.com. Le prix de l'ammoniac moyen FOB Moyen-Orient, estimé à 360 dollars (environ 3 620 dirhams) la tonne en 2024, reculerait à 310 dollars (3 120 dirhams) en 2025 selon les nouvelles projections de Fitch, contre 330 dollars (3 320 dirhams) précédemment. Cette révision reflète la montée en puissance attendue d'une capacité nouvelle de 1,3 million de tonnes sur la côte américaine du Golfe, ainsi que la reprise des exportations russes via les terminaux de Taman et d'Oust-Louga. Pour les années suivantes, l'hypothèse est reconduite à 300 dollars (3 020 dirhams) la tonne pour 2026, 2027, 2028 et le cycle médian, dans une stabilité interprétée comme durable à moyen terme. L'urée tirée par la demande et les tensions géopolitiques L'urée granulée FOB Moyen-Orient, échangée à 323 dollars (3 250 dirhams) la tonne en 2024, verrait son prix remonter à 350 dollars (3 530 dirhams) en 2025 (contre 320 dollars, soit 3 220 dirhams, dans les précédentes hypothèses), puis se maintenir à 320 dollars (3 220 dirhams) en 2026. Les prévisions demeurent inchangées à 270 dollars (2 720 dirhams) pour les années 2027, 2028 et le cycle médian. Fitch évoque une demande vigoureuse dans la plupart des régions du globe, associée à une volatilité de l'offre attribuée aux perturbations affectant des producteurs majeurs tels que l'Iran et l'Egypte. Les capacités nouvelles devraient s'élever à 3,8 millions de tonnes entre 2025 et 2026, avant d'atteindre quelque 14,7 millions de tonnes à l'horizon 2029. La roche phosphatée portée par les restrictions exportatrices Le phosphate naturel marocain, coté à 208 dollars (2 090 dirhams) la tonne en 2024, se situerait à 180 dollars (1 810 dirhams) en 2025, contre 150 dollars (1 510 dirhams) précédemment. La projection est ensuite revue à 150 dollars (1 510 dirhams) pour 2026, puis reconduite à 100 dollars (1 010 dirhams) de 2027 au cycle médian. Cette orientation s'expliquerait par un ralentissement des exportations des trois premiers fournisseurs mondiaux — Maroc, Jordanie et Egypte —, auquel s'ajoute une progression modérée de la demande européenne. Fitch souligne que cette dynamique compense en partie la baisse des importations chinoises et indiennes. Le DAP et la potasse stimulés par une offre contrainte Le DAP marocain, évalué à 586 dollars (5 890 dirhams) la tonne en 2024, grimperait à 600 dollars (6 030 dirhams) en 2025 selon les nouveaux calculs (contre 550 dollars, soit 5 530 dirhams, précédemment), puis à 500 dollars (5 030 dirhams) en 2026 (au lieu de 450 dollars, soit 4 530 dirhams). La prévision reste stable à 400 dollars (4 020 dirhams) la tonne pour les années 2027, 2028 et le cycle médian. Le marché serait tendu, notamment en raison des restrictions imposées par Pékin, bien que les exportations marocaines aient atteint des niveaux records. Selon CRU, la demande mondiale progresserait faiblement en 2025, en dépit de difficultés d'accès liées aux prix. Un équilibre fragile entre croissance régionale et contraintes d'offre Quant à la potasse — dont le prix moyen n'est pas précisé pour 2024 dans le tableau publié —, les nouvelles estimations pour 2025 et 2026 sont supérieures aux précédentes, portées par une consommation chinoise soutenue, des stocks portuaires faibles et une offre restreinte. Fitch anticipe que la production canadienne n'excédera pas 26 millions de tonnes avant l'entrée en service du projet Jansen de BHP, prévue en 2029. La réactivation éventuelle de capacités aujourd'hui à l'arrêt chez Nutrien et Mosaic demeure une variable d'ajustement décisive. «La révision des hypothèses traduit une configuration instable, dominée par des arbitrages géographiques complexes et un calendrier de mise en service différée des nouvelles capacités», observe Fitch Ratings. Les cours des engrais, étroitement corrélés aux chocs d'offre et aux décisions souveraines d'exportation, devraient se stabiliser à moyen terme, tout en demeurant sensibles aux déséquilibres régionaux.