L'agence de notation Fitch Ratings a revu à la hausse ses prévisions de prix pour certains engrais, notamment le phosphate diammonique (DAP), en raison d'une offre restreinte qui devrait perdurer dans les années à venir. Dans son analyse publiée mardi 18 mars, Fitch souligne que les exportations chinoises, fortement réduites en 2024, ne retrouveront que progressivement leur niveau antérieur, ce qui maintiendra des tensions sur le marché du DAP. Cette situation profite aux autres grands producteurs, notamment le Maroc et l'Arabie saoudite, où de nouvelles capacités de production entreront en service sans pour autant compenser immédiatement le déficit d'offre. Les projections de prix pour l'urée en 2025 et 2026 ont également été relevées, en raison de la flambée des coûts du gaz, principal intrant de production, et d'un calendrier de mise en service de nouvelles unités plus limité qu'anticipé. En revanche, les prévisions pour l'ammoniac demeurent inchangées, l'augmentation attendue des capacités – dont 1,3 million de tonnes sur la côte américaine du Golfe et un nouveau terminal d'exportation russe en mer Noire – devant équilibrer une demande industrielle peu dynamique. Concernant le phosphate brut, Fitch anticipe un réajustement des prix, porté par une montée en puissance des exportations marocaines. Selon les données de CRU, le marché devrait absorber une capacité additionnelle mondiale de 35 millions de tonnes d'ici 2029, dont l'essentiel proviendra de Chine (25 millions de tonnes), du Maroc et de l'Arabie saoudite, garantissant ainsi un approvisionnement suffisant pour répondre à la demande croissante. Le relèvement des hypothèses de prix du potasse pour 2025 repose, quant à lui, sur une reprise robuste des achats, principalement en Chine et au Brésil. Toutefois, l'équilibre à long terme dépendra des projets d'expansion des grands producteurs. Fitch met en exergue les développements en Russie où 7,2 millions de tonnes supplémentaires sont prévues d'ici 2029, ainsi que la seconde phase du projet Jansen du groupe BHP au Canada, qui portera sa capacité à 8,5 millions de tonnes en 2030, avec une mise en service partielle dès 2027. Le Maroc, acteur clé du marché des engrais, devrait ainsi tirer parti de ces évolutions, sa production et ses exportations de phosphates bénéficiant d'un contexte de marché propice à une valorisation soutenue.