L'Afrique a accru en 2024 sa capacité hydroélectrique de plus de 4 500 mégawatts, soit plus du double des 2 000 mégawatts enregistrés l'année précédente, selon le World Hydropower Outlook publié par l'Association internationale de l'hydroélectricité (IHA). L'hydroélectricité fournit désormais 20 % de l'électricité produite sur le continent, dont le potentiel technique demeure, à hauteur de 89 %, encore inexploité. Ce redéploiement résulte d'un regain d'activité tant du côté des Etats que des opérateurs privés. Parmi les ouvrages mis en service, figurent les 800 mégawatts supplémentaires du barrage de la Renaissance en Ethiopie, la mise en service intégrale des 600 mégawatts de la centrale de Karuma en Ouganda, les 420 mégawatts de Nachtigal au Cameroun, et l'entrée en fonction du barrage Julius Nyerere en Tanzanie. Les grands chantiers avancent mais le financement demeure l'obstacle majeur Le rapport pointe toutefois un paradoxe persistant : quelque 62 500 mégawatts de projets approuvés demeurent en suspens, faute de solutions de financement viables. Le risque contractuel, la volatilité des monnaies et la faible bancabilité des projets entravent leur réalisation. Pour pallier l'obsolescence de certaines installations, la Banque africaine de développement (BAD) a lancé en 2024 un programme continental doté de près de 10 millions de dollars, visant à réhabiliter des centrales hydroélectriques dans huit pays, avec l'appui technique de l'IHA. Parmi les chantiers en cours, figurent le complexe de Caluco Cabaça en Angola (2 172 mégawatts), qui s'insère dans un programme national portant la capacité hydraulique de 1 200 à 9 000 mégawatts, ou encore le projet de Mambilla au Nigeria (3 050 mégawatts), intégré à un vaste ensemble de barrages visant à libérer jusqu'à 10 000 mégawatts. Le potentiel national en matière d'hydroélectricité est, pour le Maroc, estimé à 3 700 mégawatts. En fixant l'objectif de production hydraulique à 2 000 mégawatts à l'horizon 2020, le Maroc n'exploite actuellement que 55 % de cette ressource. L'essor du stockage hydraulique renforce la résilience des réseaux Le rapport souligne également la croissance soutenue du stockage hydraulique par pompage-turbinage (PSH), auquel l'Afrique contribue désormais à hauteur de 3 726 mégawatts, dont 349 ajoutés en 2024. Le projet zambien de Ngonye Falls (180 mégawatts) est devenu le premier du continent à obtenir la certification or au titre de la norme internationale de durabilité hydroélectrique. Le président de l'IHA, M. Turnbull, a salué cette dynamique retrouvée : «De manière encourageante, le rapport de cette année montre que les nouvelles capacités mondiales repartent à la hausse après plusieurs années de stagnation. L'hydroélectricité joue un rôle de plus en plus crucial dans la transition énergétique mondiale.» Et d'ajouter : «Le pompage-turbinage est appelé à jouer un rôle décisif, car il offre la forme de stockage la plus éprouvée et la plus apte à garantir la stabilité des réseaux modernes.» À la fin de l'année 2024, l'Afrique disposait d'une capacité installée totale de 47 300 mégawatts, produisant 167 térawattheures d'électricité, selon les chiffres de l'IHA.