L'ancien président du Brésil, Michel Temer, a affirmé mercredi 9 juillet que son pays doit approfondir ses relations économiques et culturelles avec le Maroc. Il s'exprimait à Marrakech en marge du Forum économique Brésil–Maroc organisé par le Groupe des dirigeants d'entreprise (LIDE), qui réunit des personnalités économiques et institutionnelles des deux pays. Ancien chef de l'Etat de 2016 à 2018, Michel Temer a rappelé que la vocation multilatérale du Brésil imposait un positionnement équilibré : «Notre premier partenaire commercial est la Chine, notre second les Etats-Unis. Nous avons des accords technologiques avec le monde arabe. Il faut mesurer chacune de nos paroles. Le gouvernement ne peut s'exprimer à la légère». Le Maroc, partenaire naturel S'agissant du Maroc, Michel Temer a salué une relation marquée, selon ses termes, par «une vive sympathie». Il a évoqué la reprise des liaisons aériennes directes entre les deux pays comme un levier favorable à l'élargissement des flux touristiques et commerciaux. «Le tourisme a ouvert la voie, mais désormais les opportunités d'affaires sont manifestes. Ce forum contribue à rendre visibles les complémentarités et à faire naître des partenariats d'investissement, dans les deux sens», a-t-il affirmé. Il a particulièrement insisté sur le potentiel du secteur agricole, évoquant la place prépondérante de l'agronégoce dans le produit intérieur brut brésilien. «Le monde a besoin de plus de nourriture et nul ne dispose d'autant de terres arables que le Brésil. Mais une agriculture en expansion suppose un accès régulier à des fertilisants. Le Maroc joue ici un rôle stratégique», a-t-il souligné. Contre la radicalisation du débat écologique Interrogé sur les tensions relatives à l'environnement, Michel Temer a dénoncé une lecture idéologique des questions agricoles. «On a fini par faire croire que le secteur agroalimentaire était en guerre contre la nature. C'est une caricature nuisible», a-t-il estimé. À ses yeux, la défense de l'environnement doit être un objectif partagé, «à l'abri des instrumentalisations partisanes». «L'idéologisation du débat a stérilisé la réflexion. Elle empêche les consensus, attise les suspicions et entrave les progrès. Le Brésil a tout à perdre à laisser s'enraciner ce malentendu», a ajouté l'ancien président, regrettant que les préoccupations écologiques aient été opposées artificiellement aux intérêts agricoles. Une voix pour la concorde Au terme de son intervention, Michel Temer a défendu une culture politique fondée sur la modération, fustigeant les dérives langagières et la violence symbolique entre institutions. «Les mots d'un dirigeant ont un poids. Ils façonnent l'exemple. Un chef d'Etat doit faire preuve de mesure dans ses propos, en particulier lorsqu'il évoque d'autres pouvoirs ou d'autres nations. Ce devoir de retenue s'est perdu, et cela affaiblit la parole publique», a-t-il conclu. L'ancien président brésilien a terminé en soulignant que l'essor des relations entre le Brésil et le Maroc constitue une chance historique qu'il importe de saisir «sans excès de rhétorique, mais avec constance et sérieux».