L'Algérie a procédé, entre le début du mois d'avril et les premiers jours de juin 2025, à l'éloignement de plus de 16 000 personnes vers le Niger, soit plus que la moitié du total recensé en 2024, a rapporté le Mixed Migration Centre (MMC) dans un document fouillé consulté par Barlamane.com. Ce chiffre, d'une ampleur remarquable, n'a donné lieu à aucune réaction publique de la part des principales organisations non gouvernementales présentes sur les routes migratoires du Sahel. Ces opérations, menées par convois à travers le désert, se sont poursuivies en marge de toute procédure judiciaire connue, dans des conditions fréquemment décrites comme contraires au droit international humanitaire. Aucune voie de recours n'a été mise à disposition des personnes éloignées, dont la nationalité, la situation administrative et l'état de vulnérabilité n'ont fait l'objet d'aucune vérification individualisée. En parallèle, à Sfax, les autorités tunisiennes ont démantelé depuis avril plusieurs implantations de fortune, affectant plus de 9 000 personnes. «Face à l'absence de tout dispositif d'accueil digne de ce nom, certains retournent vers leur pays d'origine, d'autres tentent la mer, parfois seuls, parfois au péril de leur vie», a souligné le MMC. Les flux en Méditerranée centrale ont, pour leur part, évolué vers une prépondérance quasi exclusive des départs libyens. Au 29 juin 2025, l'Italie avait enregistré 29 705 arrivées par voie maritime, en augmentation de 17 % par rapport à la même période l'an dernier. Les départs depuis la Libye représentent désormais 91 % des traversées recensées, contre 6 % seulement pour la Tunisie. Le gouvernement grec a fait savoir qu'il positionnerait prochainement des unités navales militaires à proximité des eaux libyennes. L'Italie a validé un programme doté de vingt millions d'euros pour organiser le retour de 3 300 ressortissants algériens, tunisiens et libyens. Plusieurs organisations ont exprimé leurs réserves à propos de cette politique. «Dans les faits, les départs dits volontaires depuis la Libye ou la Tunisie relèvent souvent de la fiction juridique», ont-elles déclaré. La Commission européenne a, quant à elle, proposé de classer la Tunisie et le Maroc parmi les «pays d'origine sûrs», ouvrant la voie à une instruction expéditive des demandes d'asile. Des voix se sont élevées pour dénoncer «une dérive qui minerait le principe de non-refoulement et préparerait le terrain à une généralisation des renvois massifs». La France et le Maroc ont annoncé l'établissement d'un groupe de travail conjoint pour organiser le retour des ressortissants marocains en séjour irrégulier.