L'annonce, jeudi 24 juillet, par Emmanuel Macron de la reconnaissance prochaine de l'Etat de Palestine par la République française a engendré une onde de réactions contrastées à travers le monde. Louée par Riyad, Amman, Madrid et Dublin, la déclaration présidentielle a été fustigée par Israël et rejetée par les Etats-Unis, qui y voient une atteinte au processus de paix au Proche-Orient. Le chef de l'Etat français a précisé qu'il procédera à une annonce solennelle lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies, prévue en septembre. Il a également confirmé que la France coprésidera, avec l'Arabie saoudite, une conférence internationale de haut niveau destinée à relancer les négociations en faveur d'une solution fondée sur la coexistence de deux Etats, israélien et palestinien. Israël dénonce une démarche hostile Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a condamné la décision française, l'assimilant à «une récompense de la terreur» et la liant à l'attaque menée par le Hamas contre le sud d'Israël, le 7 octobre 2023. M. Netanyahu a estimé que cette reconnaissance risque de «créer un nouveau relais iranien, comparable à Gaza», en affirmant que «les Palestiniens ne cherchent pas un Etat aux côtés d'Israël, mais à sa place». Le ministre des affaires étrangères, Gideon Saar, a déclaré qu'un Etat palestinien serait «un Etat du Hamas» tandis que le vice-Premier ministre Yariv Levin a qualifié la position française «d'aide directe au terrorisme» et «de tache noire dans l'histoire de la France». La Palestine et ses alliés saluent un tournant En réaction, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a exprimé sa reconnaissance envers Paris. Son vice-président, Hussein al-Cheikh, a salué une décision conforme au droit international, favorable au droit du peuple palestinien à disposer de lui-même. Le Hamas a également publié un communiqué jugeant l'annonce comme «une avancée en direction de la justice», appelant «l'ensemble des nations, en particulier européennes, à suivre l'exemple de la France». L'Arabie saoudite a salué «une décision historique», qui, selon le ministère saoudien des affaires étrangères, «réaffirme le consensus de la communauté internationale sur le droit du peuple palestinien à l'autodétermination et à l'établissement d'un Etat souverain dans les frontières de 1967». Le royaume hachémite de Jordanie s'est également félicité de l'annonce, la qualifiant «d'étape décisive contre les tentatives de négation des droits inaliénables des Palestiniens». Les Etats-Unis condamnent une décision jugée unilatérale À Washington, le secrétaire d'Etat Marco Rubio a critiqué avec virulence la décision française, y voyant «un geste imprudent qui ne profite qu'à la propagande du Hamas et éloigne la perspective d'une paix durable». Il a également affirmé que ce choix «constitue un affront à la mémoire des victimes du 7 octobre». Bien que la diplomatie américaine ait traditionnellement soutenu une solution fondée sur la coexistence de deux Etats, l'administration Trump, au pouvoir depuis janvier, cultive une position ambivalente sur cette question. Les Etats-Unis, allié stratégique d'Israël, marquent ainsi une divergence croissante avec plusieurs capitales européennes, au moment où les pourparlers indirects visant à instaurer un cessez-le-feu dans la bande de Gaza demeurent sans issue. Une adhésion croissante en Europe En Europe, l'annonce française a reçu l'approbation de plusieurs gouvernements. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez s'est félicité de la décision, en rappelant que l'Espagne avait elle-même reconnu l'Etat de Palestine quelques mois plus tôt. «Ensemble, nous devons protéger ce que Netanyahu tente de détruire. La solution à deux Etats est la seule voie possible», a-t-il écrit sur le réseau X. Le chef de la diplomatie irlandaise, Simon Harris, a pour sa part qualifié cette reconnaissance de «seule base durable pour la paix et la sécurité tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens». La France, en prenant cette position au plus haut niveau diplomatique, s'inscrit désormais dans le sillage des pays européens ayant franchi le seuil symbolique de la reconnaissance officielle, dans un climat international de plus en plus divisé autour du conflit israélo-palestinien.