Le principe d'un référendum fondé sur l'autodétermination appartient désormais au passé. Les puissances occidentales se rangent derrière le Maroc et, fort de l'appui de trois membres permanents du Conseil de sécurité, Rabat observe l'impatience croissante de ses alliés et de la communauté internationale devant la prolongation d'un différend que le Polisario et son parrain s'acharnent à entretenir. À Alger, l'on redoute une véritable déroute idéologique. Isolé dans son environnement régional, le régime d'Abdelmadjid Tebboune se voit réduit à inventer des appuis et à travestir des déclarations officielles. Le souverain chérifien, lorsqu'il tend la main, met à nu l'inflexibilité algérienne et révèle au monde son refus obstiné du dialogue. Fait inédit : pour la première fois, l'assistance sans réserve accordée au Polisario est contestée jusque dans l'opinion algérienne, y compris ce soutien érigé depuis des décennies en dogme intangible. Que demeure‐t‐il, dès lors ? Le recours à la question du Sahara pour des calculs de politique intérieure, pratique elle‐même désormais remise en cause. Dans les discours du roi Mohammed VI (29 juilet) se devine en filigrane une interrogation révélatrice : quel est le prix réel de ce conflit figé ? Il a réduit à néant l'Union du Maghreb arabe, organisation proclamée en février 1989 mais aussitôt paralysée; l'absence d'intégration régionale en découle, avec des effets délétères sur l'économie et sur tout le développement du bassin maghrébin. Le monarque chérifien place ainsi l'Algérie face à une alternative : renouer le dialogue ou s'exposer à une marginalisation toujours plus profonde. Récemment un diplomate occidental, dans un échange sporadique, résumait ainsi l'enjeu : «Le monde sait le péril qu'engendrerait la création d'un micro‐Etat satellite dans une région où l'expansion du djihadisme islamique se fait chaque jour plus inquiétante.» Mardi, le roi Mohammed VI a de nouveau tendu la main à l'Algérie, tout en consacrant la reconnaissance internationale croissante de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Le souverain propose à son voisin oriental ce qui pourrait bien être sa dernière échappatoire diplomatique avant l'enlisement irréversible. Dans son discours du 29 juillet, le roi a redit la disponibilité de Rabat à une ouverture franche : «Pour toutes ces considérations, J'ai constamment tendu la main en direction de nos Frères en Algérie. J'ai également exprimé la disposition du Maroc à un dialogue franc et responsable ; un dialogue fraternel et sincère portant sur les différentes questions en souffrance entre les deux pays.» Il a aussitôt précisé la portée de cette constance : «Notre attachement inébranlable à la politique de la main tendue procède de l'intime conviction que nous portons en nous, quant à l'unité de nos peuples et à notre capacité commune à dépasser cette situation regrettable.» Mais cette générosité diplomatique se heurte à un mutisme persistant du côté d'Alger, alors que le régime actuel s'évertue à contourner les occasions de dialogue, au mépris des attentes internationales et des appels répétés de la communauté régionale. L'Union du Maghreb arabe, que le roi considère comme une exigence historique, demeure figée par l'obstruction algérienne. «Nous réaffirmons également notre attachement à l'Union du Maghreb dont Nous sommes persuadés qu'elle ne pourra se faire sans l'implication conjointe du Maroc et de l'Algérie,» a-t-il rappelé avec gravité. Cette inertie algérienne n'est pas circonstancielle : elle est le symptôme d'un système enfermé dans une logique de confrontation structurelle. L'armée y demeure la colonne vertébrale du pouvoir, sans légitimité élective ni adhésion populaire véritable. En refusant le dialogue régional, Alger cherche à maintenir, par la fiction du péril marocain, un semblant de cohésion interne que ni la prospérité économique ni la confiance civique ne viennent plus garantir. Le discours du monarque a démontré cette réalité. Le principe d'autodétermination vidé de toute substance Au fil des années, les thèses séparatistes défendues par l'Algérie se sont effondrées sous le poids du réel. La majorité des puissances occidentales, y compris les plus influentes au sein du Conseil de sécurité, soutiennent désormais la proposition marocaine d'autonomie, qualifiée par le roi de «seule et unique solution au conflit autour du Sahara.» Ce soutien n'est plus marginal, mais général et croissant. «Nous exprimons nos remerciements et notre considération au Royaume-Uni ami et à la République portugaise pour leurs positions constructives venues appuyer la Proposition d'Autonomie, dans le cadre de la souveraineté du Maroc sur son Sahara,» a déclaré le souverain. «Ces positions favorables au bon droit et à la légitimité nous inspirent honneur et fierté. Elles nous poussent davantage à la recherche d'une solution consensuelle qui sauve la face à toutes les parties, où il n'y aura ni vainqueur ni vaincu.» En réalité, l'Algérie se trouve aujourd'hui isolée tant sur le plan juridique que stratégique. Aucun pays du G7 ne soutient le projet indépendantiste. Plusieurs capitales arabes, africaines et latino-américaines ont ouvert des consulats à Dakhla et Laâyoune, consacrant de fait la légitimité du Maroc. Ce renversement diplomatique affaiblit considérablement la doctrine algérienne d'exportation révolutionnaire, héritée de la guerre froide et qui ne correspond plus aux paramètres géopolitiques du XXIe siècle. Une vérité immuable : la souveraineté du Maroc sur le Sahara Depuis plusieurs années, le roi Mohammed VI a pris soin d'écarter toute ambiguïté sur la nature du différend. «Le Sahara n'est pas à négocier,» affirmait-il déjà en 2021, avant de préciser : «Aujourd'hui comme par le passé, la marocanité du Sahara ne sera jamais à l'ordre du jour d'une quelconque tractation.» Cette position de principe s'appuie sur une légitimité historique, populaire et juridique : «De fait, la marocanité du Sahara est une vérité aussi pérenne qu'immuable. Elle ne souffre, de ce fait, aucune contestation.» La volonté du Maroc de parvenir à une solution demeure intacte, mais dans des bornes claires : «Si nous engageons des négociations, c'est essentiellement pour parvenir à un règlement pacifique de ce conflit régional artificiel.» Le Maroc agit ici selon une logique de puissance régulatrice : sa position combine fermeté des principes et souci de compromis. En revanche, l'Algérie s'enfonce dans une politique de blocage, incapable de proposer une alternative crédible à l'autonomie. Ce déséquilibre de légitimité se traduit sur la scène internationale par une fatigue croissante des partenaires vis-à-vis du discours figé d'Alger, perçu comme un anachronisme diplomatique. Le prisme du Sahara : révélateur des amitiés véritables Face aux tergiversations de certains Etats tiers, le souverain chérifien avait lancé un avertissement net : «Le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international.» Il a ajouté : «C'est aussi clairement et simplement l'aune qui mesure la sincérité des amitiés et l'efficacité des partenariats qu'il établit.» En 2025, force est de constater que cette parole a été entendue. Ce recentrage stratégique consacre le Sahara comme cœur doctrinal de la diplomatie marocaine. Pour Rabat, les alliances véritables se nouent non sur la base des échanges de circonstance mais sur l'adhésion à une vérité fondatrice : celle de l'unité nationale. Ce positionnement oblige désormais les Etats tiers à rompre avec la posture d'équilibre commode qu'ils adoptaient jusqu'alors. L'ère de la neutralité feinte touche à sa fin. L'Algérie; qui paie depuis cinq décennies un tribut au Front Polisario saisira-t-elle cette dernière occasion ? Le conflit du Sahara, malgré elle, maintient vif un foyer de tension majeur à sa frontière occidentale, avec la nécessité d'une grande présence militaire dans la région de Tindouf. Le soutien logistique et matériel aux séparatistes, en termes d'armes, d'aide alimentaire, budgétaire ou matérielle, devient une charge financière d'autant plus insoutenable à porter que l'Algérie a été confrontée à une crise économique multiforme à partir de 2019. Le roi Mohammed VI, chevalier blanc jusqu'au bout.