La Cour supérieure du Québec a condamné Hicham Jerando à verser 164 514 $ (près de 1,35 million de dirhams) à un avocat de Casablanca pour avoir, durant plusieurs mois, propagé des accusations mensongères et diffamatoires auprès de centaines de milliers d'internautes, principalement sur YouTube, TikTok et Facebook. Pour la presse canadienne, l'affaire illustre «la dérive d'un influenceur dans la fabrication de ragots viraux». Dans une décision rendue à Montréal, le juge Horia Bundaru a estimé que Hicham Jerando, 48 ans, résidant à Montréal depuis plus de quinze ans, s'était livré à une «campagne calomnieuse d'une rare virulence» à l'encontre de l'avocat Adil Saïd Lamtiri, notamment en le désignant comme un «criminel du barreau marocain» et en l'accusant, sans la moindre preuve, de corruption, blanchiment d'argent et collusion mafieuse. Rumeurs amplifiées et procédés mensongers Le tribunal relève que M. Jerando, connu sur les réseaux sociaux sous la chaîne Tahadi, avait publié huit vidéos diffamatoires en mars 2023, visionnées près d'un million de fois en quarante jours, dans lesquelles il présentait l'avocat comme un «requin véreux» ou encore comme «l'un des plus grands voleurs du système judiciaire marocain». À aucun moment il n'a vérifié ses allégations, se contentant de «glaner quelques rumeurs isolées qu'il amplifiait à loisir, en se présentant fallacieusement comme lanceur d'alerte à la tête d'une prétendue équipe d'enquêteurs», selon les termes du juge. Le magistrat rappelle que l'influenceur avait déjà été reconnu coupable d'outrage au tribunal en juillet 2024 pour avoir refusé de supprimer les contenus visés par une injonction. Malgré cette décision, il a recommencé à publier de nouvelles attaques contre M. Lamtiri en février 2025, à quelques jours de l'ouverture du procès. Condamnation pécuniaire et injonction de retrait Le tribunal a ordonné à Jerando, absent lors des audiences, de verser à M. Lamtiri un total de 164 514 $ (près de 1,35 million de dirhams), somme incluant des dommages punitifs élevés «compte tenu du caractère délibérément récidiviste et dévastateur de sa conduite». Il lui a également été enjoint de supprimer l'intégralité de ses publications visant l'avocat sur les réseaux sociaux. Or, plusieurs d'entre elles demeuraient en ligne selon des vérifications effectuées par le Journal de Montréal, à l'origine de ces révélations. Le juge Bundaru conclut sans ambiguïté : «Il ne s'agit nullement d'une erreur de jugement isolée, mais d'une stratégie délibérée, nuisible et irresponsable, qui appelle une réponse judiciaire ferme pour prévenir toute récidive et protéger la réputation des personnes injustement attaquées.»