Par Hassan Alaoui Vingt-six ans après son intronisation et le tout premier discours prononcé à cette occasion, le Roi Mohammed VI est resté fidèle à sa doctrine de règne et de gouvernance : la pédagogie et le didactisme. Il n'est pas en effet jusqu'à cette rigoureuse ponctualité qu'il a instaurée dès les premiers moments, le timing de quelque vingt minutes qui longe ses discours, cette irascible volonté de condenser l'essentiel, de délayer le factice, d'aller droit au but, d'inventer en fin de compte une méthode...Bref cette belle lumière qui est à la fois notre horizon et le rempart de défense pour nos âmes... Tout à sa volonté d'être direct, nous inspirant autrefois cette réflexion de dire de lui qu'il est « l'Homme pressé », lancé corps et âme dans une course pour hisser notre pays au rang d'une puissance, devançant – on ne cessera jamais de le dire – le temps et les hommes qui gouvernent, écrivant l'Histoire alors même qu'elle balbutie à peine, traçant les contours d'une nouvelle société. En effet, l'une des caractéristiques majeures du règne de Mohammed VI est d'avoir changé le rapport du peuple à la Monarchie, et au-delà d'avoir crée une nouvelle société, marquée au sceau des libertés les plus larges. En appelant aussi à la responsabilité de l'Exécutif, du Parlement, des institutions multiples et, dans un souci démocratique, à la société civile devenue sous son règne un acteur incontournable. Nous n'avons de cesse de rappeler que la philosophie de Mohammed VI depuis son arrivée au pouvoir est la proximité. A l'un de ses premiers discours prononcés à cette occasion, on retiendra celui notamment prononcé à Casablanca début de l'An 2000, articulé sur l'une des toutes premières ruptures, à savoir le nouveau concept de l'Autorité. Un discours fort, dans lequel le Souverain a tout simplement tordu le cou à un dogme qu'il a désacralisé en quelque sorte. Et si Casablanca fut à ce moment une étape cruciale de son long périple vers le Nord du Maroc, ce fut aussi le symbole du nouveau règne : la proximité, la prise en compte réelle des aspirations de son peuple. Lire aussi : Philosophie de la proximité royale ou Mohammed VI, le Roi de l'exception On ne s'étonnera donc point à ce que dans la longue lignée des vingt-six ans de règne dont nous célébrons à présent la continuité historique, que les mêmes préoccupations demeurent le socle de son engagement. Et que le discours du Trône de cette année s'annonce de nouveau comme un apophtegme articulé sur un bilan lucide de tous ce qui a été entrepris, l'objectivité aidant, la sincérité portée comme un blason avec , cette fois-ci, on l'a déjà souligné cette irréductible volonté d'ériger la justice territoriale et sociale. Et ce n'est pas une parade... La tentation est grande, en effet, de résumer le ton en reprenant son message : le Royaume du Maroc progresse, à coup sûr, mais les inégalités territoriales, parfois graves, subsistent, il faut les combattre. D'où en effet la volonté réaffirmée solennellement d'enclencher une nouvelle dynamique qui enterre les fractures et les disparités persistantes. Là également, le Roi reste fidèle à sa philosophie : la démocratie et le progrès qui en est le corollaire ne se réalisent guère sans la vertu parallèle d'une pensée politique, et bien entendu l'option pour une politique étrangère qui est au Maroc ce que le choix de la sagesse est à l'audace dans les temps de crise multilatérale. Le Roi a opté pour le neutralisme et le refus des hégémonismes, d'où qu'ils viennent. Pour la troisième fois en peu d'années, il lance un appel solennel à l'Algérie pour régler avec ses dirigeants le différend qui empoisonne nos relations depuis cinquante ans et plus. Appel du pied, interpellation diplomatique, invite à assumer les responsabilités historiques, à favoriser la voie du dialogue...Encore une fois, il n'y a ni piège, ni arrogance et encore moins un calcul quelconque derrière cet appel à la Raison comme le laisseraient entendre les thuriféraires de RFI ou la presse soumise d'Alger... En somme, la pédagogie royale est de nouveau déployée avec les exemples concrets et les défis nombreux peuvent être un levier. Tant et si bien que, n'omettant aucun aspect des préoccupations nationales, le Roi a évoqué les prochaines élections législatives avec ce clin d'œil fort de cette exigence de respect des règles, de l'obligation de faire de ces échéances un moment de crédibilité et de responsabilité. Le Roi est brillant, et notamment dans ses textes à l'allure courte, comme cette eau qui coule doucement , assurer d'aller au plus loin, au plus profond, il est tendu vers l'essentiel, la rigueur , une exigeante éthique de perfection ...La force intérieure du Roi est plus que jamais notre force, notre foi...