Le président de la Commission de l'Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, a salué le rôle stratégique et économique croissant du Maroc au sein du continent. Qualifiant le Royaume de « véritable hub africain », il a mis en avant les effets d'une diplomatie économique structurée, active et panafricaine. Cette reconnaissance intervient huit ans après le retour du Maroc au sein de l'organisation continentale. Réintégrée en janvier 2017 après plus de trois décennies d'absence, la diplomatie marocaine a considérablement renforcé ses positions au sein de l'Union africaine. Le retrait initial, acté en 1984 à la suite du conflit du Sahara, avait marqué une rupture. Le retour, lui, a symbolisé un repositionnement stratégique d'envergure. Soutenue par 39 Etats membres, la demande de réadmission du Maroc avait traduit une volonté partagée d'avancer vers une Union plus intégrée, pragmatique et orientée vers le développement. Le 30 juillet 2025, lors d'une cérémonie organisée à Addis-Abeba par l'ambassade du Maroc en Ethiopie et sa mission permanente auprès de l'UA et de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA), Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l'Union africaine, a livré un hommage appuyé à la politique marocaine. « Le Maroc s'est distingué par le développement d'une diplomatie économique qui fait du Royaume aujourd'hui un véritable hub africain grâce à ses nombreux investissements dans les secteurs d'avenir, à savoir les infrastructures, les télécommunications, l'agriculture, la finance et l'énergie », a-t-il affirmé dans une déclaration lue en son nom. Les chiffres attestent de cette transformation. Entre 2000 et 2024, le Maroc a conclu près de 1 000 accords de coopération avec une cinquantaine de pays africains. Les investissements directs marocains ont atteint 1,9 milliard de dollars en 2023, enregistrant une hausse de 7 % sur un an. L'influence de groupes économiques tels qu'Attijariwafa Bank, présente dans quinze pays, ou Maroc Telecom, qui dessert plus de 70 millions de clients, témoigne d'une stratégie d'expansion ancrée dans la durée. Lire aussi : Union africaine : Mahmoud Ali Youssouf pourrait-il surmonter les impasses ? Le groupe OCP, pour sa part, joue un rôle central dans le renforcement de la sécurité alimentaire du continent en développant des engrais adaptés aux sols africains. Ce modèle de coopération axé sur le co-développement s'illustre également à travers le projet du gazoduc Maroc-Nigeria, lancé en 2016, qui ambitionne d'assurer une connectivité énergétique durable entre l'Afrique de l'Ouest et le Nord. Le président de la Commission de l'Union africaine a également salué l'engagement personnel du Roi Mohammed VI, mettant en lumière « le leadership avisé du monarque marocain sur la voie de l'influence diplomatique, géopolitique, économique et culturelle », qui fait aujourd'hui du Royaume « une plaque tournante attractive pour les investisseurs et les touristes ». Mahmoud Ali Youssouf, élu en février 2025 à la tête de la Commission de l'UA, connaît bien les arcanes diplomatiques africaines. Ministre des Affaires étrangères de Djibouti depuis 2005, il s'était rendu à Rabat en décembre 2024 pour exposer sa vision. « Si je suis élu président de la Commission de l'Union africaine, ma priorité sera la gestion financière et la gouvernance. Mon objectif sera également de mobiliser des fonds internes », avait-il déclaré alors. Quelques mois plus tard, le souverain marocain lui adressait ses félicitations après son élection, exprimant sa « pleine confiance » en ses capacités à défendre les priorités du continent en matière de développement, de paix et de sécurité. Le Roi Mohammed VI assurait dans le même message « le soutien absolu du Royaume aux initiatives de l'Union africaine ». Une diplomatie multiforme au service de l'Afrique L'ancrage du Maroc dans l'architecture institutionnelle de l'Union africaine ne se limite pas à l'économie. Le Royaume contribue de manière active aux missions de paix du continent. Plus de 1 500 soldats et personnels civils marocains ont été déployés en 2022 dans des opérations menées en République centrafricaine et en République démocratique du Congo. La stratégie marocaine s'appuie également sur des leviers culturels et religieux. Depuis 2015, l'Institut Mohammed VI de formation des imams a accueilli plus de 2 500 étudiants en provenance de 21 pays africains. Cette initiative, articulée autour de la diffusion d'un islam modéré, vise à renforcer la résilience des sociétés africaines face aux idéologies extrémistes. L'Initiative atlantique, lancée par le Maroc en novembre 2023, constitue une autre dimension de cette diplomatie d'intégration. Elle ambitionne d'ouvrir aux pays du Sahel enclavés un accès stratégique à l'océan Atlantique, créant ainsi de nouveaux corridors commerciaux et logistiques vers l'Amérique du Sud, l'Europe et l'Afrique de l'Ouest. Des relations renforcées avec Djibouti et la reconnaissance de la souveraineté La coopération entre Rabat et Djibouti s'est intensifiée, notamment après l'ouverture d'un consulat général djiboutien à Dakhla le 25 février 2020. Ce geste diplomatique a confirmé l'alignement de Djibouti sur la position marocaine concernant le Sahara. Mahmoud Ali Youssouf a salué à ce titre les « liens solides fondés sur le respect mutuel et la fraternité panarabe et islamique » unissant les deux pays. Le Maroc, qui contribue à hauteur de 35 millions de dollars au budget annuel de l'Union africaine, entend faire entendre une voix panafricaine équilibrée, pragmatique et résolument tournée vers l'avenir. L'action du Royaume au sein de l'UA vise aussi à contenir les velléités séparatistes de la prétendue « RASD », en misant sur une diplomatie de résultats.