Le gouvernement brésilien a dénoncé une « ingérence inacceptable » des Etats-Unis dans ses affaires intérieures, après l'annonce de droits de douane supplémentaires et l'imposition de sanctions contre un juge de la Cour suprême, chargé d'un procès contre l'ex-président Jair Bolsonaro, allié de Donald Trump. Dans un communiqué officiel publié mercredi soir, le président Luiz Inácio Lula da Silva a exprimé sa « solidarité » avec le magistrat, qualifiant les sanctions de l'administration américaine d'attaque contre la souveraineté et la démocratie du Brésil. « Le Brésil est un pays souverain et démocratique, qui respecte les droits humains et l'indépendance des pouvoirs », a souligné le chef de l'Etat, ajoutant qu'« il est inacceptable que le gouvernement nord-américain interfère dans la justice brésilienne ». Le département du Trésor américain avait plus tôt invoqué la loi Magnitsky contre le juge Alexandre de Moraes, responsable, selon lui, d' »une campagne de censure oppressante, de détentions arbitraires, et de procès à motivation politique, notamment contre l'ancien président Jair Bolsonaro ». Lire aussi : Brasilia-Washington : crise diplomatique après les sanctions contre un juge brésilien Les sanctions incluent le gel de tous les actifs du juge aux Etats-Unis et l'interdiction pour toute personne ou entité américaine d'effectuer des transactions avec lui. Elles s'ajoutent à la révocation du visa américain de Moraes et de ses proches, décidée le 18 juillet dernier, ainsi que d'autres membres de la Cour. Par ailleurs, Donald Trump a signé mercredi un décret infligeant 50% de surtaxes douanières au Brésil, justifiant cette décision par « la menace inhabituelle et extraordinaire que constitue le Brésil pour la sécurité nationale, l'économie et la politique étrangère des Etats-Unis ». Le gouvernement brésilien a souligné que « le recours à des prétextes politiques pour justifier des mesures économiques punitives contre le Brésil » est « injustifiable » et porte atteinte à la relation bilatérale historique. « La justice ne se négocie pas », note le communiqué officiel. Il a indiqué avoir entamé une évaluation de l'impact des mesures américaines, tout en réitérant sa disposition à dialoguer sur les aspects commerciaux de la relation bilatérale. Toutefois, a prévenu Lula, « le Brésil n'abandonnera pas ses instruments de défense prévus par la loi pour protéger ses travailleurs, ses entreprises et ses familles ». Du côté du Parlement, les plus hautes autorités ont affiché un front uni. Le président du Sénat, Davi Alcolumbre, a rappelé que « le Congrès national n'admettra aucune interférence dans l'action des pouvoirs de la République », tandis que le président de la Chambre des députés, Hugo Motta, a réaffirmé que « toute sanction étrangère contre un membre d'un pouvoir constitué est une atteinte à la souveraineté du Brésil». La Cour suprême du Brésil a aussi réagi dans un bref communiqué, affirmant que « le jugement de crimes qui ont gravement porté atteinte à la démocratie brésilienne est exclusivement du ressort de la justice » du pays sud-américain. La plus haute juridiction brésilienne « ne se détournera pas de son rôle de faire respecter la Constitution et les lois du pays, qui garantissent à toutes les personnes impliquées le droit à une procédure légale et un procès équitable ».