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Le Maroc affiche un net recul de la participation civique et politique des jeunes dans un contexte africain de fracture générationnelle selon Afrobarometer
Le rapport phare 2025 d'Afrobarometer, fondé sur 53 444 entretiens dans 39 pays africains menés entre 2021 et 2023, met en lumière un écart générationnel préoccupant au Maroc. Les données, établies à partir d'échantillons nationaux de 1 200 à 2 400 répondants (marge d'erreur : ± 2 à ± 3 %), indiquent que seuls 41 % des Marocains âgés de 18 à 35 ans déclarent avoir voté au dernier scrutin, contre 56 % des plus de 35 ans. Cet écart de 15 points se rapproche de la moyenne continentale (–18 points, 63 % contre 81 %). La participation des jeunes aux réunions communautaires atteint 25 %, contre 33 % chez les aînés, soit un différentiel de 8 points, inférieur à la moyenne africaine (–12 points, 42 % contre 54 %). Quant aux échanges directs avec les conseillers municipaux, ils ne concernent que 16 % des jeunes Marocains, un taux inférieur à la moyenne des 35 pays disposant de données comparables (23 %). Comparaisons africaines : des écarts plus prononcés ailleurs entre jeunes et aînés dans les urnes et la vie locale Les comparaisons internationales confirment que certains pays enregistrent des écarts bien plus marqués. En matière de participation électorale, le Sénégal (–29 points, 58 % contre 87 %), le Cameroun (–28 points, 39 % contre 67 %) et le Zimbabwe (–28 points, 65 % contre 93 %) figurent parmi les cas extrêmes, tandis que la Zambie (–5 points) et les Seychelles (–9 points) présentent des écarts réduits. Pour les réunions communautaires, la Côte d'Ivoire (–28 points, 37 % contre 65 %) et la Zambie (–26 points, 44 % contre 70 %) affichent les plus grands fossés générationnels, suivies du Botswana (–24 points, 37 % contre 61 %) et de la Tanzanie (–17 points, 70 % contre 87 %). À l'inverse, les Seychelles constituent une exception : les jeunes y sont proportionnellement plus nombreux à participer à des réunions (+6 points). Concernant le contact avec les conseillers municipaux, les écarts les plus importants sont relevés au Lesotho (–24 points), en Zambie (–20 points) et en Guinée ou au Kenya (–16 points chacun). Une mobilisation protestataire contrastée selon les pays En matière de manifestations, la tendance continentale s'inverse : dans plusieurs pays, les jeunes sont plus actifs que leurs aînés, mais cette dynamique épargne le Maroc. Seuls 6 % des moins de 35 ans y déclarent avoir participé à une protestation, contre une moyenne africaine de 10 %. En Tunisie, 7 % des jeunes ont manifesté, soit 17 points de plus que les aînés. Le Soudan (+9 points) et São Tomé-et-Príncipe (+7 points) connaissent également une mobilisation juvénile supérieure, tandis que l'Ethiopie (–24 points) et les Seychelles (–6 points) affichent une mobilisation moindre chez les jeunes. Pour Afrobarometer, «le déficit le plus frappant concerne la participation électorale». Le rapport avertit : «Ces écarts générationnels soulignent les défis de la participation politique sur le continent le plus jeune du monde si les gouvernements ne parviennent pas à créer des canaux pour un engagement significatif». Le document met en garde contre le risque d'un double retrait : désaffection envers les mécanismes traditionnels de représentation — partis, élections, structures locales — et faible recours à la contestation publique, ce qui pourrait accentuer la crise de représentation et éloigner durablement la jeunesse des institutions.