L'utilisation de la force physique pour discipliner les enfants est justifiée. C'est ce que pensent la majorité des Africains selon les résultats de la dernière enquête Afrobarometer. Au Maroc, 53% des citoyens estiment que les parents devraient discipliner physiquement leurs enfants. Un avis qui commence toutefois à changer si l'on prend en considération les autres statistiques de cette enquête continentale réalisée en 2021/2022 et ayant touché 36 pays africains. Ces résultats ont été rendus publics à l'occasion de la Journée de l'enfant africain. La manière douce Ainsi le nombre des adeptes de « la manière douce » tend à augmenter ces cinq dernières années. L'opposition à l'utilisation de la force physique pour discipliner les enfants s'accentue parmi les rangs des parents en approchant les trois quarts au Malawi, en Tanzanie et au Maroc. Des chiffres assez mitigés pour ce dernier vu les 53% des interrogés qui sont cependant favorables à la punition ! Ce rejet des« anciennes pratiques » basées sur le châtiment corporel est néanmoins plus courant parmi les citoyens instruits et économiquement plus aisés, spécifie l'enquête. En termes chiffrés, dans les 36 pays africains concernés par l'enquête, environ quatre citoyens sur 10 (38%) estiment que la force physique n'est jamais justifiée pour discipliner les enfants. Six répondants sur 10 soit 61% trouvent toutefois que c'est « parfois » et même « toujours » justifié. Le champion de cette catégorie reste le Malawi avec 74% des interrogés se positionnant anti-châtiment corporel talonné par le Maroc et la Tanzanie avec un pourcentage de 72%. A deux vitesses A contre courant de cette tendance, 88% des interrogés au Bénin sont pour la force physique comme « outil éducatif » des enfants. Le Cameroun vient en seconde place avec 87% suivi du Burkina Faso (86%) et le Niger (85%). Toujours selon les résultats de cette étude, l'opposition à la discipline physique a gagné du terrain en Afrique en cinq ans. En moyenne dans32 pays étudiés entre 2016 et 2022, cette tendance a augmenté de 5 points. Fait marquant, ce rejet a enregistré un énorme bond dans plusieurs pays. Le plus spectaculaire a été marqué en Tanzanie avec 32 points de pourcentage, le Kenya (24 points), le Libéria (22 points), l'Eswatini (19 points) et le Nigéria (17 points). Profilage L'Afrobarometer s'est par ailleurs penché sur les facteurs favorisant une telle prise de conscience en Afrique. D'après les données 2021-2022, l'approche éducative « pacifique » est plus fréquente chez les citoyens ayant reçu une éducation formelle (40% à 41%) que parmi ceux n'ayant pas été scolarisés (29%). Le niveau socio-économique impacte également la perception de la « violence » comme méthode éducative. Ainsi selon l'enquête, son rejet augmente avec le statut économique des répondants. Si seulement 34 % de ceux qui vivent une pauvreté élevée s'y oppose, ce pourcentage avoisine la moitié parmi les plus « nantis ». Les citadins sont également plus nombreux avec un pourcentage de 40 % contre 36 % en milieu rural. La fessée, contre productive Loin d'être anodins, la fessée et les autres châtiments corporels seraient selon l'OMS nuisibles au développement des enfants. Un constat confirmé par les différentes études psychologiques se focalisant sur la violence subite durant l'enfance et son impact sur la psyché et le développement des compétences sociales. Ces dernières démontrent en effet que les enfants ayant subi des punitions corporelles, même rarement, auraient un comportement d'extériorisation plus élevé, une maîtrise de soi faibles ainsi que des compétences interpersonnelles plus fragiles. Toujours selon les études scientifiques, les enfants ayant été punis physiquement, vont considérer la violence comme une solution acceptable pour résoudre leurs différents interpersonnels. En grandissant, ils risquent fort de reproduire le comportement « violent » des parents, de suivre leur exemple en utilisant la violence et en devenant agressifs en gérant leur vie sociale.