Selon un rapport publié par IndexBox et consulté par Barlamane.com, le marché africain des tabacs manufacturés, extraits et essences s'oriente vers une croissance mesurée dans les dix prochaines années, après une longue période de repli. Le Maroc, grâce à la vigueur de ses importations et à la prééminence de ses exportations en valeur, occupe une place centrale dans ce secteur. D'après l'étude, la consommation africaine de tabacs manufacturés, extraits et essences devrait suivre une tendance ascendante dans les années à venir. Les projections indiquent une progression annuelle moyenne de +1,7 % en volume et de +2,0 % en valeur entre 2024 et 2035. Cette évolution porterait le marché à 25 000 tonnes et 270 millions de dollars (2,7 milliards de dirhams) à l'horizon 2035. Une consommation continentale encore affaiblie En 2024, la consommation de tabacs manufacturés, extraits et essences en Afrique a progressé de 3,7 %, atteignant 20 000 tonnes. Elle enregistrait ainsi sa troisième année consécutive de hausse, après deux années de déclin. En valeur, la consommation a bondi de 11 % pour s'établir à 217 millions de dollars (2,1 milliards de dirhams). Ces niveaux demeurent cependant éloignés des records observés en 2013, où la consommation atteignait 40 000 tonnes et 597 millions de dollars (5,9 milliards de dirhams). Entre 2014 et 2024, le marché n'a jamais retrouvé cette intensité. Des disparités entre pays consommateurs En 2024, les principaux consommateurs africains ont été le Kenya (3 400 tonnes), l'Egypte (2 400 tonnes) et le Burundi (2 000 tonnes), représentant ensemble 38 % de la consommation totale. Le Burundi a affiché la progression la plus spectaculaire avec un taux de croissance annuel moyen de +38,2 % depuis 2013. En valeur, l'Egypte s'est imposée en tête avec 93 millions de dollars (926 millions de dirhams). Le Maroc, avec 17 millions de dollars (169 millions de dirhams), s'est hissé en deuxième position, devant le Kenya. Depuis 2013, le Maroc enregistre une progression annuelle moyenne de +15,5 % en valeur, tandis que le Kenya s'établit à +5,5 % et que l'Egypte accuse un repli moyen de -14,5 %. En termes de consommation par habitant, le Gabon s'est distingué avec 620 kilogrammes pour 1 000 habitants, suivi du Burundi (146 kilogrammes), du Kenya (58 kilogrammes) et de la Zambie (48 kilogrammes). La moyenne mondiale est estimée à 14 kilogrammes pour 1 000 habitants. Une production africaine en progression La production de tabacs manufacturés, extraits et essences a connu en 2024 sa quatrième année consécutive de croissance, atteignant 13 000 tonnes, en hausse de 6,8 %. Sur la période 2013-2024, la production a progressé en moyenne de +2,8 % par an, avec un pic en 2015 (+25 %). En valeur, la production s'est établie à 94 millions de dollars (935 millions de dirhams), soit une progression annuelle moyenne de +3,8 % depuis 2013. Le niveau de 2024 représente un sommet historique. Le Kenya a dominé la production avec 4 700 tonnes, soit 37 % du total. Il devance l'Afrique du Sud (2 200 tonnes) et le Gabon (1 500 tonnes). Entre 2013 et 2024, la production sud-africaine a affiché une progression moyenne de +16,4 % par an, tandis que le Kenya s'est établi à +1,9 % et le Gabon à +2,2 %. Le Maroc accentue ses importations Les importations africaines ont retrouvé une tendance haussière pour la troisième année consécutive, atteignant 15 000 tonnes en 2024, soit une progression de 7,6 %. En valeur, elles se sont établies à 292 millions de dollars (2,9 milliards de dirhams), un niveau encore inférieur au sommet de 2013 (315 millions de dollars, soit 3,1 milliards de dirhams). Le Maroc a importé 2 400 tonnes pour une valeur de 27 millions de dollars (269 millions de dirhams), se classant deuxième importateur du continent derrière l'Egypte (3 000 tonnes, 203 millions de dollars – 2,0 milliards de dirhams). Les autres importateurs significatifs ont été le Burundi (2 000 tonnes), le Nigeria (1 400 tonnes), la Tunisie (1 200 tonnes), Madagascar (1 200 tonnes), le Sénégal (900 tonnes), la Libye (900 tonnes) et le Mali (600 tonnes). Depuis 2013, les importations marocaines en valeur affichent une progression moyenne de +8,8 % par an, contre +18,1 % pour la Tunisie et -2,3 % pour l'Egypte. En 2024, le prix moyen des importations en Afrique s'est établi à 19 778 dollars (197 000 dirhams) la tonne, en hausse de 10 % sur un an. L'Egypte a enregistré le prix le plus élevé (68 316 dollars, soit 677 000 dirhams la tonne), tandis que Madagascar présentait le prix le plus bas (3 005 dollars, soit 29 800 dirhams la tonne). Le Maroc domine les exportations africaines en valeur Les exportations africaines se sont élevées à 7 100 tonnes en 2024, en hausse de 19 % sur un an, pour une valeur de 77 millions de dollars (767 millions de dirhams). Ces résultats marquent une reprise notable, les exportations ayant plafonné à 7 300 tonnes en 2016 avant de stagner. Le Maroc a exporté 1 200 tonnes pour une valeur de 37 millions de dollars (368 millions de dirhams), représentant 47 % des exportations africaines en valeur. Il devance l'Afrique du Sud (1 400 tonnes, 11 millions de dollars – 109 millions de dirhams) et l'Egypte (valeur de 10 % des exportations totales). En volume, le Maroc se situe derrière l'Afrique du Sud et le Kenya (1 300 tonnes), mais le prix moyen de ses exportations, fixé à 29 602 dollars (295 000 dirhams) la tonne, demeure le plus élevé du continent. Entre 2013 et 2024, le prix des exportations marocaines a progressé de +13,7 % par an. En comparaison, le prix moyen des exportations africaines s'est établi à 10 895 dollars (109 000 dirhams) la tonne, en hausse de 54 % par rapport à 2023. Le rapport d'IndexBox souligne que le Maroc s'impose désormais comme un acteur déterminant du marché africain des tabacs manufacturés, extraits et essences. Son double rôle, à la fois importateur de 27 millions de dollars (269 millions de dirhams) et premier exportateur en valeur avec 37 millions de dollars (368 millions de dirhams), confère au pays une place unique sur le continent. À l'horizon 2035, l'étude estime que le marché africain atteindra 25 000 tonnes et 270 millions de dollars (2,7 milliards de dirhams). Dans cette perspective, le Maroc devrait consolider sa position de pôle d'échanges, à la croisée de la consommation et du commerce extérieur.